Centrafrique: Un référendum sur mesure

17 Juillet 2023

La campagne pour le référendum constitutionnel du 30 juillet prochain bat son plein en Centrafrique, dans un environnement sécuritaire précaire. Ouverte le samedi 15 juillet, et ce pour une période de deux semaines, cette pêche aux voix permettra aux partisans du « Oui » et du « Non » de convaincre le maximum d'électeurs de rallier leurs camps respectifs, en vue de remporter le scrutin. Initiateur du projet de réforme constitutionnelle, le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra et ses affidés ont donnés le ton, dès le premier jour, dans le Nord de Bangui.

Pour eux, ce referendum est l'occasion offerte aux Centrafricains de décider d'un avenir meilleur pour leur pays. Ce n'est pas l'avis de l'opposition et des rebelles, qui voient en ce référendum, une parade pour le chef de l'Etat de se faire réélire en 2025 et pourquoi pas se maintenir au pouvoir à vie. D'ailleurs, à la veille de l'ouverture de la campagne, des centaines de partisans du « Non » ont bravé une interdiction de manifester du gouvernement, pour dénoncer le projet de nouvelle Constitution.

De toute évidence, le referendum ne fait pas l'unanimité en terre centrafricaine et ceux qui le combattent ont plus ou moins raison. Entre autres, la nouvelle Constitution à soumettre au vote est censée renforcer le pouvoir exécutif, supprimer des institutions budgétivores et revoir les modalités de nomination des juges constitutionnels, mais à lire entre les lignes, elle profite plus au président Touadéra. Il en est le premier bénéficiaire. Elu en 2016 puis réélu dans un contexte de violences électorales en 2020, sous la bannière de son parti, Mouvement Coeurs Unis (MCU), le chef de l'Etat centrafricain, si on s'en tient à l'actuelle loi fondamentale, ne peut pas briguer un troisième mandat.

%

Il pourrait s'offrir cette chance avec la nouvelle Constitution. C'est d'ailleurs l'intention de Touadéra. Son ministre conseiller spécial, Fidèle Gouandjika, n'avait-il pas récemment déclaré ceci : « Il n'y aura pas de troisième mandat, mais les compteurs seront remis à zéro avec une nouvelle Constitution. Il y aura un nouveau mandat que tout le monde pourra briguer, y compris le président Touadéra, s'il le souhaite ». Quel est l'intérêt pour le chef de l'Etat centrafricain de remettre les compteurs à zéro, si ce n'est vouloir d'un troisième mandat, comme l'ont fait certains de ses pairs.

Ses deux quinquennats ne présentent pourtant pas un bilan reluisant sur le plan sécuritaire, volet qui préoccupe plus ses compatriotes. Les Centrafricains aspirent à vivre en paix, mais il faut reconnaitre que le défi sécuritaire est immense à relever pour un pays autrefois occupé à 80% par des rebelles. Le tableau est sombre. Les groupes armés sont plus que jamais actifs, de telle sorte que la circulation des biens et des personnes est très menacée. L'organisation du referendum permet d'avoir la pleine mesure de la situation, puisque tous les électeurs n'ont pas la possibilité d'aller aux urnes à cause des soucis sécuritaires.

On a l'impression, que Touadéra, qui s'est attaché les services du groupe de sécurité privée russe, Wagner, est plus préoccupé à sauver son fauteuil, constamment lorgné par les rebelles. Dans d'autres domaines, comme la lutte contre les crimes économiques, les liges ne bougent pas non plus. Le président centrafricain ne peut pas véritablement se targuer d'avoir des gros acquis sur le plan sécuritaire et socio-économique, pour prétendre demeurer aux affaires. Mais telle est sa volonté. Le souhait est que son projet de nouveau bail ne mélange pas davantage le pays, déjà à genou.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.