Madagascar: Débat à Iavoloha - Le président livre un cours d'histoire

Il faut le dire, c'était l'émission que le peuple malgache attendait avec impatience. Certains ont même aménagé leur salon dès le matin pendant que d'autres ont chargé les batteries de leurs power banks et smartphones pour ne rien rater en cas de délestage.

Dimanche 16 juillet à 20 heures était « le » rendez-vous entre les Malgaches et leur dirigeant. Un suspens, une énigme pour la majorité, même si quelques-uns prétendaient déjà savoir ce que le jeune père de la nation allait dire. Comme s'ils étaient près de lui durant les semaines de préparation !

Le débat a duré trois heures. Hormis les chiffres et les statistiques cités de temps à autres, ce qui a intrigué les téléspectateurs, c'est le cours d'histoire livré par le locataire d'Iavoloha. Conscient de son anachronisme, lors du débat face à Marc Ravalomanana qui s'est déroulé le 10 décembre 2018, en disant avec assurance que Tsiranana était encore président en 1980, il veut à tout prix corriger ses pas. L'erreur est humaine, la perfection est divine. Ainsi, le treizième chef d'Etat de la Grande île attire l'attention en exposant des dates et en ajoutant: « les infrastructures étaient construites pendant la colonisation et du temps de Philibert Tsiranana ». A ce niveau, Madagascar ressemble à un grand musée en péril que les successeurs du père de l'indépendance n'ont pas pu préserver. L'assistance, les citoyens lambda pourraient conclure, en effet, qu'après la Première République, il y avait un grand vide. Il a fallu attendre 2008 pour que le maire d'Antananarivo de l'époque rebâtisse l'infrastructure incendiée en 1972, ensuite un grand sommeil... En 2019, voilà le réveil qui a sonné ! Monsieur le président Andry Nirina Rajoelina a rempli les pages vierges... Des feuilles vides que ses prédécesseurs n'ont pas pu rédiger. Oui, il a apporté sa pierre à l'édifice.

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Le débat commence à être intéressant, lorsque l'un des trois journalistes lui demande s'il est Français. Il répond à la question en prenant l'exemple de Jean Ralaimongo ainsi que les trois stars du MDRM. « Ils ont tous la nationalité française ». En vérité, le contexte est quasiment différent. Ces nationalistes étaient contemporains de la colonisation. À cette période, les peuples colonisés étaient citoyens français... de seconde zone ! « Nous vivons dans la période post-coloniale, nous sommes en 2023 », a expliqué Robert Tombovelo, un historien de formation. Là encore, monsieur le président fait un amalgame !

En outre, la tradition est très importante, le respect des tenants traditionnels aussi. Parmi les invités figurent les tangalamena, les olobe, les lonake, les ampanjaka et les sojabe. Un message fort à tous ceux qui veulent obstruer le chemin, car l'appui des raiamandreny est une bénédiction. Réunir les gardiens coutumiers dans un « grand événement » est une vieille pratique. C'est rassurant !

En somme, la communication est passée, bien que les critiques pleuvent de partout... De son côté, le peuple souhaite que sa patrie soit prospère ! Sacrée est la patrie.

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