Madagascar: Les intendants des faritra - Dire oui pour démentir le ouï-dire

Ils ont la velléité des mollusques, ils acceptent tout ce que l'on propose, car les hauts dignitaires disposent! Les ongles arrondis, les yeux baissés, la main droite levée jurant fidélité, c'est leur devoir. C'est une coutume qui perdure depuis très longtemps. Les autorités des régions profitent pour s'inviter sur les plateaux télévisés de la capitale, une fois qu'ils effectuent des missions sur le lieu.

A beau mentir qui vient de loin, ils chantent le même refrain, « tout va bien chez nous», le bilan est positif, la perspective est prometteuse. La décentralisation est aussi le discours du moment. L'aspiration des peuples des régions. Sur le papier, les choses se déroulent à merveille, tandis que dans l'application, la lenteur administrative est palpable dans les offices publics. Les élections se tiendront dans quatre mois. De ce fait, les tentacules du pouvoir en place veulent s'agripper à leurs sièges. Alors, chacun veut s'asseoir à la tribune centrale le jour de l'investiture du président, qui se succède à lui-même. Pour y parvenir, les figurines telles que les députés, les maires ainsi que les gouverneurs s'efforcent corps et âmes, en s'invitant sur les plateaux télévisés, louent la personnalité salvatrice de la nation malgache, le président de la République. À la fin de l'émission, ils l'encouragent à se présenter à la course avec un starting-block un peu plus en avance que les autres compétiteurs. Le slogan emprunté d'un ancien numéro Un malgache de 2002 à 2009, « premier tour dia vita», sort de leur bouche, pour démoraliser les concurrents. Une vieille astuce qui demeure efficace.

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La capitale de Madagascar est une grande scène de théâtre où les autorités régionales friment afin de dire au pouvoir central qu'ils n'ont nullement l'intention de retourner leur veste plus large que leurs épaules...

Ô combien d'observateurs tanindrana sont déçus de ces attitudes. Les promesses après un petit entretien avec les journaleux locaux, s'envolent avec l'avion qui les transporte. Ils déglutissent les paroles données comme ils avalaient les délicieux croissants offerts par les somptueux hôtels qui les hébergent. Ils ont les lèvres tremblantes face aux grands politiciens ainsi que les présentateurs de journal d'Iarivo. Complexés, intimidés en sentant les parfums, en voyant les costards de la haute-couture et les mocassins bien cirés de ceux-ci, ils oublient rapidement les requêtes de leur peuple. En retournant à la terre natale, les deux phrases souvent formulées une fois installés sur le canapé de la salle d'honneur de l'aéroport, « nous avons la bénédiction du pouvoir central. Le développement, c'est maintenant!».

Cependant, trop facile de les accuser. Les réunions à huis-clos ont planifié les règles du jeu. Contester les décisions tranchées serait risqué, surtout quand on réalise qu'on est au dernier tournant du mandat présidentiel. Donc, il va devoir signer avec les yeux fermés tous les dossiers même si cela va à l'encontre de la tradition locale. La centralisation subsiste dans la pensée. Satisfaire les caprices de l'administration pour que les supposés bailleurs de fonds investissent dans la région qui ne reçoit même pas de pourcentage, c'est ça la politique régionale.

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