Afrique: Discours du Directeur général de l'OMS à la troisième réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G20, Session I - Économie mondiale et santé mondiale - 17 juillet 2023

communiqué de presse

Madame la Ministre des finances de l'Inde, Shrimati Nirmala Sitharaman,

Monsieur le Gouverneur de la Banque centrale de l'Inde, Shaktikanta Das,

Mesdames et messieurs, chers collègues et amis,

L'économie mondiale et la santé mondiale sont inextricablement liées.

La pandémie de COVID-19 a été bien plus qu'une crise sanitaire.

Elle a généré l'un des chocs économiques les plus importants depuis cent ans.

La reprise a été inégale et les pays en développement, en particulier, sont à la traîne et sont davantage susceptibles d'en garder des marques à long terme.

La COVID-19 n'est plus une urgence sanitaire mondiale, mais ses répercussions sur la santé, sur les sociétés, sur les économies et sur la politique se font encore sentir.

L'heure est grave. De tout temps, le monde a fonctionné selon un cycle où la panique et le désintérêt alternaient. Nous jetons de l'argent pour faire face à une crise, mais nous ne faisons rien pour empêcher la suivante.

Nous ne pouvons laisser ce schéma se reproduire.

Le moment est venu d'investir dans la préparation aux pandémies à avenir.

Ces mêmes systèmes de santé qui ont été si profondément perturbés par la COVID-19 ne se sont pas complètement relevés, ce qui nous rend, nous et nos économies, encore plus vulnérables face aux pandémies, aux phénomènes météorologiques violents et à d'autres risques liés aux changements climatiques.

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De même, tout comme la COVID-19 avant elle, la prochaine pandémie provoquera un choc économique majeur.

Conscient de ces risques, le G20 a réagi en entamant une série de discussions sous la présidence de l'Arabie saoudite, ce qui a conduit à la création du Groupe de travail conjoint sur les finances et la santé sous la présidence italienne, et soutenu le lancement et la mise sur pied du Fonds de lutte contre les pandémies, sous la présidence indonésienne et maintenant de l'Inde, avec des recommandations concrètes pour l'avenir.

Ce Groupe de travail est particulièrement bien placé pour déterminer ce que la finance et la santé doivent faire ensemble à l'appui de la préparation aux pandémies et pour corriger les faiblesses fondamentales de nos systèmes de santé.

Avec la Banque mondiale, et en collaboration avec le FMI et la Banque européenne d'investissement, nous élaborons une analyse des interactions entre les systèmes de santé, les sociétés et les économies, qui permettra aux décideurs de mieux appréhender la façon d'atténuer les vulnérabilités économiques et de financer la riposte aux pandémies.

Mais, naturellement, les pandémies sont loin d'être les seules menaces qui pèsent sur notre santé.

Chaque jour, les maladies, les problèmes de santé et les dommages corporels entraînent des coûts énormes pour les pouvoirs publics, que ce soit du fait des dépenses du secteur de la santé et de la perte de productivité.

Bon nombre de ces maladies, problèmes de santé et dommages corporels pourraient être évités pour un coût infime par rapport à celui que suppose la gestion de leurs conséquences.

De plus, bon nombre des investissements nécessaires pour les prévenir - en particulier dans les soins de santé primaires complets - profitent également à la préparation aux pandémies.

Je vous affirme que les investissements visant à améliorer la santé des populations relèvent de l'évidence économique. S'il s'agissait d'obligations, ils seraient notés d'un triple A.

Des populations en meilleure santé sont plus stables, plus sûres, plus productives et plus résilientes.

Il est temps de repenser le financement de la santé.

Il est temps de voir la santé non pas comme une charge, mais comme un investissement ; non pas comme un secteur de consommation, mais comme un secteur productif - comme point d'ancrage pour des sociétés et des économies plus ouvertes, plus équitables et plus prospères.

En mai de cette année, le Conseil de l'OMS sur l'économie de la santé pour tous a publié son rapport final, assorti de recommandations concrètes sur la manière de repenser, de recadrer et de restructurer les économies afin de garantir une meilleure santé pour les populations. Je vous en recommande la lecture.

Avant de vous quitter, je souhaite vous adresser trois demandes.

Premièrement, je vous exhorte à accorder la priorité aux travaux du Groupe de travail conjoint sur les finances et la santé et à donner suite à ses analyses.

Deuxièmement, je vous demande de rompre le cycle qui fait alterner moments de panique et période de désintérêt. Pour cela, il faut continuer d'investir dans le Fonds de lutte contre les pandémies et relever les enjeux du financement d'appoint avant la prochaine épidémie majeure.

Enfin, troisièmement, je vous invite instamment à considérer la santé comme un secteur productif plutôt que de consommation ; comme un investissement plutôt qu'une charge ; et comme un droit humain, plutôt qu'un luxe.

Je vous remercie, Madame la Ministre.

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