Afrique: Reconnaissance d'Israël sur la souveraineté du Sahara occidental - les réactions affluent au Maroc

Les réactions se sont succédées mardi 18 juillet au Maroc, après l'annonce lundi de la reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Cette reconnaissance israélienne vient après un long processus de négociation au cours duquel beaucoup de voix se sont élevées au Maroc pour dénoncer le rapprochement avec l'État hébreu, et l'abandon de la cause palestinienne à Rabat.

Le Maroc célèbre ce qu'il considère comme une victoire diplomatique. Israël vient en effet de reconnaitre sa souveraineté sur le territoire disputé du Sahara occidental, territoire que les Nations unies considèrent « non autonome » mais que le Maroc occupe et administre comme une partie intégrante de son royaume.

Alors que le roi marocain Mohammed VI est président du comité Al Qods, un des comités de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), pour la préservation du patrimoine de Jérusalem, ville sainte pour l'Islam, beaucoup ne comprenaient pas la décision du souverain de se rapprocher de l'État hébreu.

Mais Hicham Ait Menna, membre de la majorité au pouvoir l'assure, cela ne change rien à l'engagement du Maroc. « Le Maroc soutient toujours les revendications du peuple frère palestinien, mais le Maroc a toujours soutenu que le règlement du conflit doit être fait dans un cadre de paix », affirme-t-il au micro de notre correspondant à Rabat, Victor Mauriat.

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Réactions mitigées

Dans le reste de la classe politique, les commentaires sont encore partagés mais les voix les plus vives à l'encontre d'Israël comme les Islamistes du Parti de la Justice et du Développement ont pour l'instant refusé de commenter la nouvelle.

Ceux qui ont accepté de parler accueillent l'annonce avec enthousiasme, à l'instar de Driss Sentissi, chef du groupe d'opposition Haraki. « Nous sommes très satisfaits. Je pense que nous avons pris le temps nécessaire pour convaincre que le Sahara marocain est marocain et n'a jamais été autre chose que marocain », a-t-il déclaré.

Cette reconnaissance va renforcer encore plus les liens entre Rabat et Tel-Aviv. Une ambassade devrait bientôt voir le jour dans la capitale marocaine. Israël a même annoncé ce lundi la nomination du premier attaché militaire au Maroc de l'histoire entre les deux pays.

01:14 Réactions de la classe politique marocaine

Victor Mauriat Une position israélienne « reflétée dans tous les actes »

Dans une lettre adressée au souverain marocain, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu précise que la position de son pays sera « reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien ». Elle sera « transmise aux Nations Unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu'à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques ».

D'après le Marocain Youssef Chihab, professeur à la Sorbonne et spécialiste des questions géopolitiques au Maghreb, Rabat parie sur le « lobby israélien » dans le monde. Il appelle les indépendantistes sahraouis du Front Polisario à accepter les négociations, sur la base de l'initiative marocaine pour un statut d'autonomie du Sahara :

« Il ne peut y avoir de paix dans cette région que lorsque cette solution sera valable et validée par les Nations unies. Mais le Maroc, à la limite, joue un double-jeu : ça l'arrange que le problème s'enlise au niveau onusien et le Maroc avance dans le Sahara », indique-t-il au micro d'Houda Ibrahim.

« Les accords d'Israël sont un pas important, sachant que les lobbys israéliens vont se déployer dans le monde pour justement pousser les pays récalcitrants à reconnaître aussi la marocanité du Sahara. Dans ce cas, l'ONU pourra elle-même valider la marocanité du Sahara. Sachant que le temps joue pour le Maroc dans cette affaire, et que le Polisario n'a rien à gagner d'une posture de rupture de cessez-le-feu, parce que les écarts militaires sont tels qu'ils ne sont pas en sa faveur. Et la seule voie qui lui reste, c'est la voie de la négociation. Donc peut-être que la solution politique négociée, c'est mieux que de rester figé dans les camps de Tindouf, sachant que celui qui détient le timing, le temps, pour régler ce problème, c'est Alger », poursuit-il.

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