Congo-Kinshasa: Mardi noir hier à l'UPN - Des scènes de vandalisme pour protester contre les frais académiques indexés au dollar

L'Université pédagogique nationale (UPN) s'est retrouvée, mardi 18 juillet, sens dessus dessous après la manifestation violente des étudiants. Ils protestaient contre le comité de gestion qui a indexé les frais académiques en dollars américains quoique payables en franc congolais. Des dégâts matériels importants. Des infrastructures de cette Université endommagée.

Tout est parti d'un communiqué de l'Université fixant les frais académiques pour les classes de recrutement à 340 dollars et 315 pour les classes montantes. Tandis que 415 dollars américains pour le nouveau système Licence Master Doctorat. Les délégués facultaires auraient été suspendus par la rectrice alors qu'ils avaient sollicité de la rencontrer pour discuter de cette augmentation des frais académiques.

Pour rappel, la dernière année académique, les frais étaient fixés à 580 000 francs. À en croire certains étudiants, 1$ Us coûterait 2.700 FC sur le site universitaire tandis à la cité, il varie entre 2400 FC ou 2500 FC. Ils considèrent ces frais trop exorbitants.

Les étudiants, rameaux en mains, ont pris d'assaut le bâtiment administratif et le campus universitaire avant de s'attaquer sur tout ce qu'ils trouvaient sur leur passage. Des bus, pneus des véhicules abandonnés ... ont été incendiés scandant triomphalement des slogans hostiles aux autorités académiques.

Des étudiants exclus

D'autres sources affirment que cette manifestation a été motivée par l'exclusion de leurs représentants, les 10 délégués facultaires, pour une durée de 6 mois. A ce propos, la rectrice de cette université leur reproche des actes d'indiscipline caractérisée, commis par la diffusion publique, via les réseaux sociaux, d'un message infamant et clairement subversif à l'endroit de la communauté estudiantine.

L'un de ces délégués suspendus qui a requis l'anonymat a expliqué qu'ils ont été exclus uniquement parce qu'ils ont plaidé la cause des étudiants. « Lorsque les étudiants ont un souci à l'université, c'est nous les délégués facultaires qui plaidons leur cause, en tant que leurs représentants élus. Il y a quelques semaines, l'université a demandé aux étudiants d'aller payer les frais académiques dans différentes banques. Sur terrain nous avons remarqué que chaque banque a son taux et il y a même l'une de ces banques qui a carrément refusé de percevoir les francs congolais. La situation a commencé à révolter les étudiants », a-t-il expliqué.

Et de poursuivre : « Pour éviter qu'il y ait des troubles sur le campus, nous les délégués facultaires avions sollicité une audience auprès de la rectrice afin qu'on lui explique les difficultés que nous rencontrons dans les banques. En attendant d'être reçus, nous avions fait une déclaration demandant aux étudiants de garder l'argent à la maison le temps que les autorités nous expliquent quoi faire et aussi pour que plusieurs parmi nous ne tombent plus dans les pièges de certains escrocs comme c'était le cas l'année passée ».

A en croire cet étudiant exclu, lui et ses camarades ont joué le rôle qui est le leur. Malheureusement, les autorités ont mal interprété la démarche.

« Malheureusement les autorités ont mal interprété notre démarche. Nous avions été convoqués et entendus sur procès-verbal par la police universitaire. Le conseiller de la rectrice chargé des contentieux nous a également convoqués et même retenus de 8h à 18h. Curieusement, c'est via les réseaux sociaux que nous avons appris hier que nous sommes tous exclus de l'université. Finalement, nous nous demandons à quoi sert un délégué facultaire s'il ne peut pas plaider la cause des étudiants qu'il représente », s'est-il lamenté.

Réaction du comité de gestion

L'administration de l'UPN a réagi à ces événements en condamnant les actes de violence et en affirmant son engagement à trouver des solutions pour répondre aux préoccupations des étudiants. Des discussions sont prévues entre les représentants des étudiants et les responsables de l'université afin de trouver un compromis sur les frais académiques.

De son côté, le comité de gestion dit que le taux de change contesté par les 10 délégués facultaires n'est pas fixé par l'université mais plutôt par le ministère de l'enseignement supérieur et universitaire (ESU).

«Il y a rien de spécial. Seulement que les étudiants sont des récalcitrants, ils ne veulent pas s'incliner devant les instructions académiques. Un groupe de détracteurs qui a semé des troubles sur le campus universitaire il y a quelques jours a été sanctionné. Au début, ils disaient défendre les intérêts de leurs camarades mais ensuite ils ont changé de chanson en parlant du taux de change. Et pourtant, le taux de change n'est pas fixé par l'université mais plutôt par la hiérarchie. On paie soit en dollar, soit en franc congolais mais au taux du jour », a expliqué le professeur Gaby Liwawa, secrétaire général chargé de la recherche.

L'ordre rétabli

La police a fini par intervenir en vue de rétablir l'ordre et sécuriser la route de Matadi. Les étudiants qui ont tentés de paralyser le trafic sur l'avenue du 24 novembre, ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène et des grenades assourdissantes. Toutes les activités sur le campus universitaire et même aux alentours étaient à l'arrêt.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.