Après presque deux mois sans entendre une victime, la parole a été redonnée ce mercredi 19 juillet aux parties civiles au procès du 28-Septembre, en Guinée. En 2009, lors du massacre qui a coûté la vie à plus de 150 militants de l'opposition, un homme a eu la chance de s'en tirer. Abdoulhamid Diallo, 43 ans, a livré un témoignage puissant et détaillé de ce jour où l'horreur a frappé son pays.
Aboulhamid Diallo répond aux questions de manière posée et réfléchie. Le 28 septembre 2009, il était au stade de Conakry. Il raconte : « J'ai vu des gens rentrer avec des armes. Je les ai vus tirer, j'ai vu des gens tomber. Il n'était plus question de gaz lacrymogènes ou de manifestations... » Il a alors tenté de fuir par tous les moyens. « Il y avait une fille qui criait "aidez-moi, aidez-moi". Une balle l'a touchée et elle est tombée sur nous. Son sang nous a touchés », se souvient-il.
Aboulhamid Diallo met en cause Moussa Dadis Camara : en tant que président, il ne pouvait ignorer ce qui se passait, dit-il. Il dénonce aussi l'implication du colonel de gendarmerie Moussa Tiégboro Camara, aperçu devant le stade en train de menacer les manifestants. Il était là aussi quand des hommes et même des enfants se faisaient torturer dans les locaux de l'antidrogue. « Je suis catégorique là-dessus », martèle la victime. Un avocat des parties civiles l'a interrogé encore sur ces événements : « Dans les services du colonel Tiégboro, les officiers qui travaillaient antidrogue vous ont déshabillé nu pour vous identifier, n'est-ce pas ? »
Dans l'après-midi, Amadou Bah, une autre victime, s'est dirigé vers la barre en boitant sévèrement. Blessé par balle au stade, il en a gardé un lourd handicap.