Au bout de deux mois de soins, un chef de famille, roué de coups avec grande violence par des militaires en état d'ébriété, a succombé à ses blessures.
L'émoi et la colère saisissent les proches et amis de Sylver Solo Rakoto, le chef de famille de quarante-trois ans, battu par six militaires sous les vapeurs de l'alcool dans la nuit du 17 au 18 mai et qui a succombé avant-hier. Après avoir reçu de violents coups à la tête, la nuit du passage à tabac, ce père de deux enfants a suivi des soins, avec l'assistance du ministère de la Défense nationale.
Avant-hier, exactement deux mois plus tard, il a néanmoins succombé à ses blessures alors qu'entre temps, le verdict condamnant les militaires cloués au pilori, à un an de prison ferme, assorti de deux millions d'ariary de dommages et intérêts avait déjà été rendu par le tribunal de première instance à Antananarivo. Suite à la mort du quadragénaire, sa famille estime qu'il serait trop juste que les peines prononcées et les dommages fixés soient revus du fait que ces décisions judiciaires ont été prises dans une situation où il n'y avait pas encore mort d'homme. En effet dans le cas présent, les inculpations ne relèvent plus de coups et blessures volontaires mais d'homicide.
Impitoyables
L'entourage de la victime soutient en outre que ce seraient les coups infligés qui ont entraîné la mort de celle-ci. Il a été d'ailleurs soulevé qu'une hémorragie interne s'est avérée létale. Si une révision de procès délie aujourd'hui la langue, le ministère de la Défense nationale n'a pas attendu pour annoncer la révocation des militaires incriminés, le lendemain même de l'agression.
D'autant plus que les auteurs étaient encore des soldats appelés dans les rangs pour le service légal. Ces nouvelles recrues étaient factionnaires à l'Hôpital militaire de Soavinandriana. La nuit de l'agression, ils ont été filmés en flagrant délit de coups et blessures volontaires. Les scènes se sont passées à Avaradoha, dans un coin de rue exposé à l'éclairage public. La vidéo faisait froid dans le dos.
Criant en titubant et marchant dans la rue dans une démarche de surhomme, les miliaires se déchaînaient sur le défunt et son compagnon d'infortune, couchés à plat ventre sur le trottoir. Celui qui semblait être le chef de la bande ne ménageait pas ses coups. À plusieurs reprises, il les flagellait avec un ceinturon en prenant soin de frapper à la tête.
Malgré les cris et les gémissements, le forcené continuait à leur asséner des coups. Les militaires en question venaient de boire cette nuit-là, montrant du doigt les deux hommes comme étant des malfaiteurs, à se fier aux propos recueillis par les enregistrements vidéos, ils ne les ont pas ménagés. Très vite identifiés, ils se sont faits cueillir dans leur lieu de travail le lendemain même de l'agression. Le défunt habitait à Avaradoha. Ses funérailles sont prévues se dérouler demain à Amboni-loha Ambohipanandro.