« Pendant certaines activités civilo-militaires que nous avons menées dans ces villages, nous avons interrogé plusieurs civils qui sont rentrés dans leurs villages et vivent en toute quiétude. Les résultats obtenus ont vraiment dépassé nos attentes », confie le major Agung, commandant du bataillon indonésien qui a supervisé les opérations militaires dans ces bases.
Il a fallu cinq semaines à la MONUSCO et aux FARDC pour nettoyer la zone et créer un environnement protecteur.
La MONUSCO avait ouvert ces bases temporaires dans les localités de Loya et Irumu le 4 juin 2023 pour lutter contre les attaques armées, favoriser le rétablissement de la paix et permettre le retour progressif des civils dans leurs villages afin de retrouver une vie normale. Depuis le 12 juillet, la Mission a procédé à leur fermeture.
Pour comprendre les méandres qui ont conduit à leur ouverture il y a un mois, il faut faire un retour dans le passé.
En 2021, les rebelles ADF organisent des attaques à répétition dans le territoire d'Irumu en province d'Ituri. Des civils sont tués, leurs maisons incendiées, et leurs champs détruits. Seule solution pour eux : quitter leur village et trouver de nouveaux horizons où se sentir en sécurité. Cette fuite massive a créé l'exode dans une quinzaine de villages, tous vidés de leurs habitants. Les activités économiques en paient les frais. Plus rien ne fonctionne.
Pour assurer le retour des civils et sur demande des autorités locales, une série de missions conduites par le chef de bureau de la MONUSCO en Ituri et l'administrateur du territoire d'Irumu ont été organisées sur place afin d'évaluer la situation.
C'est finalement après l'attaque armée qui a coûté la vie à sept civils en mars 2023, dans le village de Idohu, que ces bases ont été opérationnalisées, le cas nécessitait d'agir urgemment. A la tête du contingent indonésien, le major Agung a conduit les opérations militaires contre les ADF dans ces deux localités.
Résultats atteints ?
Les opérations militaires de ratissage des villages ont été conjointement menées avec les FADC. Ainsi, le major Agung reste convaincu que le partenariat avec les Forces de sécurité nationales ont permis d'accroître la confiance des civils. Parlant des résultats, l'officier est formel : « L'installation de ces bases a atteint les résultats escomptés, les civils sont rentrés progressivement chez eux et mènent désormais leurs activités en toute quiétude ».
Au cours d'une interview avec la presse locale lors du démantèlement de ces sites provisoires, il a aussi soutenu que « la collaboration avec les forces de sécurité locales doit être renforcée pour les opérations futures, afin de créer un sentiment de sécurité auprès des communautés locales ».
Il soutient aussi que le principal indicateur de succès a été donné par les civils eux-mêmes pendant qu'ils rentraient chez eux autour de la zone d'opérations établie par la MONUSCO et les militaires congolais.
L'officier indonésien a cependant rappelé que « toute oeuvre humaine ne pouvant être parfaite, nous ne pouvons pas non plus certifier que nous avons été parfaits dans cette opération. Mais nous avons essayé d'être aussi efficaces que possible, et dans certaines des activités civilo-militaires que nous avons menées dans le village d'Idohu et dans lesquelles nous avons interrogé plusieurs représentants des civils, les résultats ont vraiment dépassé nos attentes », estime l'officier Agung.
Il en veut pour preuve le souhait exprimé par certains habitants : « Ils nous ont demandé de ne pas partir parce que notre présence les rassure, ils se sentent en sécurité ».
Fermeture des bases : fin des opérations ?
Non. Bien que ces deux bases soient à présent fermées, les casques bleus du contingent indonésien vont continuer à organiser des patrouilles régulières dans ces localités pour consolider cet environnement protecteur.
Le major Arung se veut rassurant : « Nous continuerons à effectuer des patrouilles mais aussi de communiquer avec les civils ». Et de poursuivre : « Avec les patrouilles, nous espérons continuer à créer un sentiment de sécurité et de confort pour les civils, et bien sûr, nous impliquerons et collaborerons avec les Forces de sécurité locales, à la fois les FARDC et la PNC », a-t-il ajouté.
Pour avoir mené ces opérations avec « succès », le commandant du contingent indonésien s'est dit heureux de leur aboutissement. Une chose l'a marqué, nourrissant ainsi son espoir : l'accueil et l'amitié des civils ainsi que la bonne collaboration avec les FARDC. « Tout ceci renforce ma certitude sur le fait que la paix reviendra un jour dans ce pays ».
Des défis ?
Nous avons fait face à trois défis sur le terrain. La communication. Ceci se justifie du fait que nous ne parlons pas les mêmes langues que les communautés locales. Ce défi, se souvient le major, « nous l'avions surmonté, nous avions un excellent interprète congolais ».
Le deuxième défi fut également de gérer le paludisme. « Vingt pour cent de nos casques bleus ont été malades et ont été soignés par nos médecins sur place afin de continuer leur mission de protection des civils ».
Enfin, la troisième difficulté, la plus pertinente, était d'identifier les rebelles parmi les populations. Dans ces villages, se souvient-il encore, « il est difficile de savoir qui est qui ».