Congo-Brazzaville: Anatole Collinet Makosso au magazine Brune - « Oui, le Congo est en route vers l'émergence »

Le Premier ministre congolais a accordé une longue interview à Marie-Jeanne Serbin-Thomas, du magazine Brune, parue dans sa livraison de juillet 2023. Compilation de ce qu'il faut retenir.

L'interview, intitulée "Le Congo sur les rails", a été réalisée dans le magazine féminin lors du passage à Paris d'Anatole Collinet Makosso à l'occasion de son entrée en tant que membre de l'Académie des sciences d'outre-mer. Le Premier ministre congolais a apporté ses éclairages sur des sujets tels que l'économie, sa vision à long terme, le changement climatique, la parité / égalité et la diaspora.

En préambule, le magazine fait remarquer que le chef du gouvernement congolais s'est vu confier ses fonctions par le président Denis Sassou N'Guesso dans un contexte d'adversité sans précédent pour mener le bateau à bon port. Il a dû affronter simultanément la pandémie de la Covid-19, une situation économique complexe et des négociations tendues avec les bailleurs internationaux.

Il énumère ses deux premiers défis en expliquant que pour sortir de la situation tendue de l'époque, il avait fallu tout faire pour limiter les dégâts et sortir de cette tourmente relativement indemne. Ensuite, sortir de la crise économique et financière, libre et non asservi, sans s'aliéner. « On est parti de 107 % du produit intérieur brut à, aujourd'hui, 90,91 % ou 91 %. Cela représente un pas important ».

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Sur le plan social, son gouvernement a réussi à rétablir la régularité des salaires et des pensions. Les établissements qui étaient en grève récurrente travaillent désormais normalement.

Dans le cadre de l'économie, il travaille à sa diversification. « Cela passe d'abord, d'après la feuille de route du président de la République Denis Sassou N'Guesso, par le développement de l'agriculture dans le sens où, en grande partie, ses possibilités ne sont toujours pas exploitées ».

Toujours à propos de l'agriculture : « Nous allons inciter à la création de ce type de structures sur la base d'un investissement direct étranger, parce que l'État n'est plus l'acteur économique d'hier ; il est un régulateur. Mais si le privé tarde à réagir, nous serons amenés à le faire, même en mode de partenariat public-privé... En 2015, le principe était d'affirmer que le Congo allait accéder au niveau des pays émergents en 2025 ».

Le Premier ministre affirme que le pari sera tenu parce que le Congo récupérera les cinq à six ans perdus par les crises économique, financière, puis sanitaire, qui se sont enchaînées entre 2014 et 2021. « Et s'il y a un différé, l'émergence sera constatable en 2030 ou 2031. Dans le Plan national de développement 2022-2026, les axes prioritaires du gouvernement se concentraient sur le développement du tourisme, de l'agriculture et des partenariats public-privé ».

De ce fait, les priorités seront mises sur les industries culturelles, touristiques et agricoles sur lesquelles le gouvernement placera le maximum d'actions pour amorcer la longue marche de l'après-pétrole et la diversification de l'économie. Sans exclure l'immobilier et le numérique.

Concernant les problématiques du réchauffement climatique, le Premier ministre n'exclut pas que l'Afrique sera aussi l'une des victimes collatérales de ses effets délétères, mais il refuse qu'on la présente comme la principale victime. « Les plus touchés par ce drame annoncé seront ceux qui ont détruit l'écosystème du fait de leur industrialisation et technologie non contrôlées, et qui voient l'intérêt de financer la préservation de l'écosystème actuel ».

Pour la parité, au constat qu'il y a un peu moins de 25 % de femmes dans son gouvernement, sa réponse a été : « Certes, mais à des postes stratégiques ».

Aux Congolais qui se sentent chômeurs ou désoeuvrés, les lois sur, notamment, les très petites entreprises et l'artisanat sont établies pour que les gens comprennent que toute activité qui permet à quelqu'un de subvenir à ses besoins est un travail.

À l'égard de ses compatriotes de l'étranger, qui ont pour une grande partie un profil professionnel absolument brillant, qui réussissent en Europe et qui se sentent abandonnés par leur pays d'origine, il attend d'eux qu'ils entreprennent simplement pour leur pays et, s'ils ont envie de revenir travailler au pays, qu'ils s'y engagent. « Le gouvernement les accompagnera. Pour le moment, nous tendons la main et organiserons certainement des assises pour qu'ils nous expliquent de quelle manière ils entendent s'impliquer... Donc, on continuera à oeuvrer pour qu'ils se retrouvent dans ce qu'ils veulent faire et dans ce que le Congo est déterminé à réaliser pour eux », a lancé le Premier ministre.

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