Sénégal: Cité Belle vue - Un quartier en chantier pour retrouver son charme d'antan

- L'Office national de l'assainissement du Sénégal (ONAS) a entrepris des travaux de réalisation d'ouvrages d'assainissement de grande envergure à la cité Belle vue, confrontée depuis 2005 à des inondations récurrentes, suscitant ainsi un grand espoir chez les habitants de ce quartier résidentiel situé dans la commune de Hann Bel-Air.

Ces travaux entrent dans le cadre de l'exécution par l'ONAS du programme de drainage des eaux fluviales de la zone de captage, du centre de santé Philippe Maguilén Senghor de Yoff et de la cité Belle vue.

En cette journée de début d'hivernage, le ciel est partiellement nuageux et le soleil darde ses rayons sur les habitations de la cité Belle vue. La vue de ces nuages qui parcourent le ciel ne rassure guère Rockaya Fall, qui vit ici depuis 1991.

« Depuis 2005, nous vivons sous la hantise de l'hivernage. En 2005, on avait tout perdu, à la suite de fortes inondations. Nous avions abandonné tout notre matériel au rez-de-chaussée de notre maison. À l'époque, le gouvernement nous avait promis de faire quelque chose, mais rien », lance-t-elle, l'air dépitée par les pertes occasionnées par ces inondations et les désagréments causés à l'époque.

La cité Belle vue est une zone de transition entre les dunes jouxtant la zone des Niayes, près des Maristes et la dépression dunaire du parc zoologique de Hann. Elle est située sur une zone basse où la nappe est quasiment affleurante. La cité est régulièrement victime des débordements du bassin de rétention de la zone de captage, situé à quelques encablures.

« De 1991 à 2005, on vivait bien dans cette cité, mais depuis qu'on a construit le bassin de rétention de la zone de captage en 2005, nos problèmes ont commencé. Depuis c'est la catastrophe. En 2005, on a assisté à des inondations de la cité. En cinq minutes, la cité a été submergée d'eau », raconte Mme Fall, qui ne décolère toujours pas malgré les nombreuses années qui se sont écoulées depuis.

Elle a rappelé que le ministère de l'Intérieur, dirigé à l'époque par Me Ousmane Ngom, avait mis les habitants de la cité en rapport avec l'agent judiciaire de l'Etat pour évaluer et faire l'état des dommages subis. « Mais depuis lors, rien. Mais quand même, on a continué à vivre », avance-t-elle avec un brin de foi.

En réaction à cette situation, les habitants se sont organisés au sein d'une association pour défendre les intérêts de la cité, signale Alassane Seck, secrétaire général de l'Association des habitants de Belle vue. Seck, qui vit dans le quartier depuis près d'une trentaine d'années, se dit nostalgique du vivre-ensemble qu'offrait la cité.

« Au début, comme c'était une cité fermée avec 65 villas, il y avait une vie en société très dynamique. Les habitants étaient solidaires. Il s'y ajoute qu'en 2005, quand on a connu de fortes inondations qui avaient causé beaucoup de dommages et désagréments auprès des populations, cela a rendu l'association plus dynamique pour porter ce combat afin de bénéficier d'un assainissement de la cité », fait-il valoir.

»J'avais prévu de déménager pendant l'hivernage »

Une note d'information de l'ONAS sur les travaux prévus à la cité Belle vue indique que l'Office national de l'assainissement du Sénégal prévoit d'y réaliser un collecteur des eaux usées d'une capacité de 1 365 ml sur l'axe de la voirie ou des accotements.

Un raccordement des eaux usées de 60 maisons est prévu sur le collecteur avec des branchements au réseau d'assainissement de la cité. Ces travaux seront effectués sur la base du nombre de ménages actuels, précise le document.

Il renseigne aussi qu'il y est prévu la réalisation d'une station de pompage (mini-station relevage). Cette station est en fait un petit post de pompage qui sera installé au centre de la place publique de la cité. Elle doit recevoir toutes les eaux usées refoulées de la cité vers le réseau de l'ONAS, situé le long de la route nationale.

Alassane Seck espère que le combat des habitants de Belle vue va porter ses fruits. Depuis un mois, dit-il, le directeur général de l'ONAS, Mamadou Mamour Diallo, sur instruction des plus hautes autorités, a initié un projet d'assainissement de la cité. Ce projet qui vient de démarrer, vise à permettre à la cité de disposer d'une canalisation pour les eaux pluviales et une autre pour les eaux usées.

Dans la cité, les moteurs vrombissent presque sans arrêt. Une pelle mécanique tourne à plein régime pour extraire du sable. Près d'elle, des ouvriers sont à l'ouvrage. « Ils travaillent presque sans arrêt matin et soir », s'enthousiame M. Seck dont la maison se trouve juste à côté du chantier.

« Nous espérons que ce projet sera mené à bout pour éloigner définitivement le spectre des inondations dans la cité Belle vue. Nous espérons aussi que la cité va retrouver son lustre d'antan et mériter de nouveau son nom comme à l'époque. La cité Belle vue n'est plus belle maintenant. Nous espérons qu'avec ces travaux, la cité va retrouver sa beauté et mériter son nom », insiste-t-il.

L'espoir grandit aussi chez Rockaya Fall depuis le début de ces travaux de réalisation d'ouvrages d'assainissement. Elle avoue qu'elle avait prévu de déménager pendant l'hivernage, mais attend de voir l'arrivée de la première grande pluie. Elle dit vivre dans l'espoir que ces travaux pourront reléguer les désagréments causés par les inondations au rang de mauvais souvenirs.

« On vit dans l'espoir, on attend de voir. J'avais prévu de déménager pendant l'hivernage et revenir en saison sèche, mais là j'attends de voir la première grande pluie, car je trouve que c'est une belle initiative. Je ne dis pas que tout est bien fait parce que je n'ai rien vu, mais nous attendons de voir, car depuis 2005 on est dans la hantise de l'hivernage. C'est vrai qu'ils ont tardé à commencer les travaux, parce qu'on est déjà en plein dans l'hivernage. Mais bon, c'est mieux que rien », lance Mme Fall sur un ton empreint d'espoir.

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