Au Sénégal, les députés ont adopté ce jeudi le projet de révision de la Constitution, qui assouplit le système de parrainages nécessaires pour participer à la présidentielle de février 2024. Le second projet sur la table prévoit la suppression de la CREI, la Cour de répression de l'enrichissement illicite et son remplacement par un parquet financier.
Les textes qui étaient devant l'Assemblée nationale jeudi sont les premiers issus du dialogue national initié par le président Macky Sall le mois dernier. C'est donc avec un nouveau système de parrainages que les potentiels candidats tenteront de passer le filtre pour la prochaine présidentielle. Le plancher est notamment revu à la baisse. Il passe de 0,8% à 0,6% du fichier électoral. Une « avancée démocratique », selon le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall. « C'est un parrainage qui a été amélioré en permettant aux éventuels candidats d'avoir le choix entre le parrainage citoyen ou le parrainage par des élus », a-t-il ajouté.
De son côté, le député d'opposition Abass Fall, du parti Pastef d'Ousmane Sonko, a dénoncé un système « anticonstitutionnel », « qui viole les libertés des individus à vouloir gérer le pays ». Pour son collègue Guy Marius Sagna, la priorité est plutôt le sort d'Ousmane Sonko, dont l'éligibilité reste très incertaine.
« On va imposer Sonko. Ousmane Sonko participera », a-t-il martelé, devant une assemblée où le bloc de l'opposition s'est fissuré. Finie, l'inter-coalition entre Wallu Sénégal et Yewwi Askan Wi. Le PDS de Karim Wade et le parti de Khalifa Sall ont participé au dialogue national.
Dans le camp de l'ancien maire de Dakar, le député Babacar Mbaye assume : « Les textes du dialogue, on va les voter ». Le sort de Karim Wade et Khalifa Sall devrait être examiné « dans quelques jours » affirme le Garde des sceaux, lors d'une autre séance plénière, cette fois en présence du ministre de l'Intérieur.
Les députés sénégalais ont également adopté jeudi soir une loi supprimant un tribunal spécial anti-corruption qui n'a pas, selon le gouvernement, « permis d'endiguer la criminalité économique et financière » et était décrié par les opposants comme une juridiction créée pour les « mater ». La Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) sera remplacée par un pool judiciaire financier (PJF) comprenant notamment un parquet « spécialement compétent » sur la criminalité financière et formé de magistrats spécialisés. Le projet de loi a été approuvé par plus de 120 députés sur les 165 que compte l'Assemblée nationale.