Kenya: Après les manifestations, les agissements de la police vivement critiqués

Après une journée d'affrontements mercredi, le Kenya a renoué ce jeudi avec un calme relatif : l'appel à poursuivre les manifestations contre la vie chère a été peu suivie. Mais la tension reste vive dans le pays et la police est sous le feu des critiques. Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme s'inquiètent de voir le gouvernement recourir à des policiers en civils pour réprimer les manifestations.

Un homme habillé en jean, chaussures de ville aux pieds, foulard jaune sur la tête et une arme à la main, en pleine manifestation dans le bidonville de Mathare à Nairobi. La photo a fait le tour des réseaux sociaux et inquiète au Kenya alors que plusieurs organisations des droits de l'homme accusent les autorités d'avoir recours à des policiers en civils pour mater la contestation. L'ONG Amnesty international dit avoir recensé « au moins 30 cas » de personnes tuées par des policiers depuis le début du mouvement de protestation en mars.

« Le gouvernement a déployé des policiers qui ne portent pas d'uniforme, mais qui sont armés. Or, lorsque des policiers dissimulent leur identité, s'habillent en civil et se couvrent le visage, cela ressemble plus à une équipe de tueurs. On a vu des gens se faire attraper par ces policiers en civils et être jetés de force dans des véhicules prépositionnés. On a vraiment assisté à une démonstration de force, y compris envers des manifestants non violents », selon Otsieno Namwaya, directeur Afrique de l'Est au sein de Human Rights Watch.

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« On a eu du mal à retrouver sa trace »

C'est ce qui est serait arrivé au député d'opposition Babu Owino, arrêté mardi soir à la veille des manifestations, selon son avocat Duncan Okatch. « C'étaient des policiers en civils. À vrai dire, ils ne se sont pas présentés. Ils ne lui ont même pas dit pourquoi ils l'arrêtaient. Ils l'ont mis dans une voiture et l'ont baladé à travers le pays. Personne n'avait accès à lui. On a eu du mal à retrouver sa trace », raconte-t-il.

En fin d'après-midi hier, le député a été présenté à un magistrat qui souhaite le poursuivre pour subversion. De son côté, le ministère de l'Intérieur a félicité les forces de sécurité pour avoir selon lui honoré leur mandat « avec professionnalisme, fermeté et impartialité ».

Le Commonwealth se dit « profondément préoccupé par l'escalade de la violence, le conflit et la perte de vies humaines » observées au Kenya et appelle tous les dirigeants et toutes les communautés à engager le dialogue pour résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté.

La communauté s'inquiète d'une recrudescence des discours de haine, et appelle les dirigeants kenyans à « désamorcer la situation ».

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