Qui a tué le député Chérubin Okende ? Qu'a-t-il fait pour mériter un tel sort ? A qui profite ce crime ?
L'heure est aux questionnements après la mort, dans des circonstances pour le moins troubles, de celui que l'on présente comme l'un des proches collaborateurs de Moïse Katumbi déclaré candidat à la présidentielle du 20 décembre prochain. Pour le moins, on sait que Chérubin Okende a été enlevé le 12 juillet dernier devant la Cour constitutionnelle où il s'était rendu afin de remettre une lettre demandant le report de vingt-quatre heures, de sa convocation visant à obtenir des compléments d'information sur sa déclaration de patrimoine. Selon plusieurs sources, l'honorable député, une fois sur place, est resté à bord de son véhicule et a préféré dépêcher son garde du corps pour remettre la correspondance à qui de droit.
C'est en ressortant du bâtiment, dit-on, que ce dernier a constaté que le député avait disparu. Ce n'est qu'hier, 13 juillet 2023, que son corps criblé de balles, a été retrouvé dans sa voiture sur l'avenue Poids Lourds. Abracadabrantesque, tout de même ! Car, on se croirait dans un film où le surréel côtoie le réel. Mais il s'agit là d'une réalité dont le film s'est joué en pleine ville de Kinshasa.
Considérant le climat de terreur qui prévaut dans la capitale depuis quelque temps, Moïse Katumbi et bien d'autres opposants comme Martin Fayulu et Matata Ponyo, ont vite fait de franchir le pas en parlant « d'assassinat politique ». Pendant ce temps, le gouvernement, de son côté, dénonce un « acte inadmissible » et promet que toute la lumière sera faite sur ce crime. Saura-t-on jamais la vérité ? On attend de voir.
Le président Félix Tshisékédi doit se remettre en cause
En tout cas, pour autant qu'il n'ait rien à se reprocher, le président Félix Tshisékedi a tout intérêt à ce que la lumière jaillisse dans cette affaire ; lui que l'opposition accuse, à tort ou à raison, de faire place nette aux fins de s'ouvrir un boulevard en vue de la prochaine présidentielle. Pour cela, il faudra travailler à mettre en place une commission d'enquête indépendante de sorte à ce que les conclusions qui en sortiront, ne fassent pas l'objet de contestations. Ce n'est pas impossible pour peu que les uns et les autres soient animés de bonne foi et du souci de la transparence.
Si ce crime est l'oeuvre de soutiens zélés du pouvoir, qu'il leur soit opposé toute la rigueur de la loi. Sil s'agit de l'oeuvre de simples bandits, qu'ils soient identifiés et châtiés à la hauteur de... leur crapulerie. Quoi qu'il en soit, le président Félix Tshisékédi doit se remettre en cause. Car, l'enlèvement suivi de l'exécution de Chérubin Okende traduisent la faillite du dispositif sécuritaire en place, si tant est qu'il en existe un. Directement ou indirectement, sa responsabilité est engagée. Car, non seulement l'Est et le Nord du pays échappent à son contrôle, mais aussi il n'arrive même pas à assurer la sécurité de ses compatriotes vivant dans la capitale. Malheureusement, plutôt que de tirer leçon de ses échecs à l'issue de son premier mandat, Tshisékédi fils s'entête, s'il n'a pas déjà réuni les conditions de sa réélection. A preuve, il a opposé une fin de non-recevoir à l'opposition qui, en plus de l'audit externe qu'elle réclamait, appelait à une refonte de la Commission électorale et de la Cour constitutionnelle.
B.O