« La bombe découverte n'avait pas explosé quand elle a été larguée. Elle représentait un danger permanent pour les communautés », a confié Jacob Bedidjo, chargé des opérations de UNMAS à Beni, expliquant que cet engin de 500 kilos aurait pu faire d'énormes dégâts, et probablement plusieurs victimes, s'il n'avait pas été neutralisé.
« Je cultive ici depuis des années, j'avais très peur », relate une maraîchère qui a repris la direction de son champ aussitôt que l'engin explosif a été neutralisé : « Maintenant qu'on l'a détruit, nous nous sentons en sécurité car nous pensions que cela aurait pu éclater et nous tuer lorsque nous étions en pleine activité champêtre ».
Cette femme maraîchère, comme d'autres cultivateurs et agriculteurs de Beni, a retrouvé sa sérénité depuis que le service de lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) a détruit mardi 18 juillet une bombe découverte au cours de la semaine du 10 juillet dans un champ situé dans la localité de Kididiwe à Beni.
Depuis la découverte de cette bombe il y a quelques mois, les activités agricoles menées par les paysans étaient paralysées. Par peur d'une explosion, ils ne se rendaient plus au champ.
Cette situation aurait pu entraîner des conséquences sur la vie économique parce qu'à Beni, la principale activité de subsistance des peuples autochtones reste l'agriculture. La population étant essentiellement agricole. Lorsqu'ils apprennent qu'enfin la MONUSCO via son service de lutte antimines désamorce l'objet, une seule phrase revient sur toutes les lèvres et dans toutes les conversations : « Enfin, finie la peur, on va retrouver nos habitudes ».
Comment cette bombe s'est-elle retrouvée là ?
Certes, qui dit « Kididiwe », dit vastes étendues des terres agricoles à perte de vue sur un « no man's land ».
Kididiwe, c'est aussi une zone longtemps occupée par des groupes armés, notamment les rebelles ADF. Il y a un peu plus de deux ans, l'armée congolaise y a mené des offensives pour déloger les ADF. D'aucuns pensent que c'est pendant ces opérations militaires intenses que la bombe découverte aurait été lancée.
Avec le rétablissement de la paix, on assiste à des retours massifs de populations civiles qui avaient déserté leurs villages et qui ont repris leurs activités agricoles. C'est en labourant les terres qu'ils ont découvert l'engin et ont aussitôt alerté les autorités qui, à leur tour, ont saisi la MONUSCO.
« On avait peur »
Les habitants de Kididiwe n'ont pas caché leur soulagement de voir finalement disparaître l'énorme engin qui avait chamboulé leur routine, et dont la seule vue constituait un motif d'angoisse. « Quand nous avons regagné nos villages et que nous sommes rentrés dans nos champs, nous avons retrouvé des éclats de bombe qui étaient trop différents de la bombe qui doit être détruite aujourd'hui ». « Nous étions effrayés », reconnaît son voisin qui félicite les agents de UNMAS l'ayant désamorcée.
Pour sa part, Jacob Bedidjo, chargé des opérations de UNMAS à Beni, encourage les habitants de la région à avoir de bons réflexes face aux objets suspects. « A la vue d'un objet suspect, informez-nous tout de suite, et faites-le aussi avec les forces armées ou les éléments de police les plus proches de nous », sensibilise-t-il.
Jacob Bedidjo n'exclut pas la possibilité que d'autres engins explosifs y soient découverts vu que Kididiwe a été le théâtre d'opérations militaires il y a peu. « La population va certainement encore découvrir d'autres engins explosifs ici. Mieux vaut ne pas les toucher, ni les approcher », conseille-t-il.