Tunisie: La culture fait débat, un signe de bonne santé

21 Juillet 2023

A peine commencé, le festival international de Carthage suscite de grandes passions contradictoires. C'est d'abord le spectacle inaugural El Mahfal qui a fait l'objet de critiques virulentes, voire d'une levée de boucliers.

Nous avons expliqué, articles et éditos à l'appui, que nous soutiendrons encore et toujours les productions tunisiennes pour peu qu'elles témoignent de maîtrise technique, de créativité artistique et novatrice. Nous persistons à dire que c'est le cas. Ensuite, c'est au tour du deuxième spectacle de provoquer une polémique d'un autre style.

Lors du spectacle La Nuit du rire, dimanche 16 juillet, l'humoriste français AZ a usé de mots orduriers. Depuis, la polémique n'a cessé d'enfler. Vraisemblablement, c'était l'occasion rêvée pour attaquer de front le festival, sa direction, sa programmation, le coût, tout ! Tentant d'éteindre le feu, la direction s'est vue contrainte de présenter ses excuses pour ce qu'elle considère comme « une déplorable improvisation » du comédien, « qui ne figurait pas dans les répétitions ».

Sommes-nous satisfaits de cet acte de contrition ? Il semblerait que non. Ils sont toujours très fâchés. Qui ? Les Tunisiens, eux, qui émaillent leurs propos, dans la rue, au travail, dans les transports publics, devant les femmes et les enfants, de langage grossier et répugnant, à tel point d'être connus pour ça dans la région arabe et certains pays européens.

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Eux, ils n'ont pas supporté de voir leur propre image réfléchie sur le miroir. L'humoriste français, aussi déplorable que soit sa maladresse, n'a fait que reproduire ce qu'il a vu et entendu chez nous. Or, s'érigeant en prêcheurs de la bonne parole, certains ont commencé à dispenser des leçons de morale sur les réseaux sociaux et les médias. Passons.

La direction de Carthage a dû également s'expliquer sur les cachets des artistes et les coûts de certains spectacles et tenter de mettre en sourdine une autre polémique. Il en ressort que pour ce qui est du spectacle d'ouverture de Fadhel Jaziri, Kamel Ferjani, directeur du festival de Carthage, a précisé que la valeur du contrat s'élève à 200 mille dinars.

Et que la direction du festival a réalisé des revenus financiers d'environ 150 mille dinars, sans compter l'apport des sponsors, indiquant que le festival n'a pas supporté d'autres frais liés au coût de production du spectacle. Il a ajouté que les recettes financières générées par la vente des billets de l'ensemble des concerts s'élèvent jusqu'à présent à deux millions de dinars (2 milliards de millimes), soit un montant qui a dépassé les recettes totales du festival depuis sa création jusqu'à sa 54e édition en 2018. Voilà qui est bien !

Kamel Ferjani ajoute que la direction du festival a traité avec une figure artistique majeure, Fadhel Jaziri, en l'occurrence, pour assurer la soirée d'ouverture, indiquant que l'Etat n'évalue pas la créativité artistique, mais plutôt la soutient et l'encourage. Et déplore que la présentation d'El Mahfel comporte de nombreux aspects positifs non analysés, considérant que ce qui était soulevé ne dépassait pas « les impressions personnelles et ne peut être considéré comme une lecture critique fondée sur des bases scientifiques et objectives ». Ce que le directeur du festival veut dire poliment, c'est qu'il n'y a pas d'appréciation de l'art sans connaissance préalable. Faisons donc le maximum pour vulgariser l'art et le faire connaître, ayons des émissions culturelles dignes de ce nom. Enfin, les gens sensés préfèrent le débat à la polémique.

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