Des experts des Nations unies ont condamné cette semaine la politique du gouvernement libyen qui empêche les femmes de voyager à l'étranger sans être accompagnées d'un homme. La mesure avait été édictée il y a environ trois mois quasiment en catimini par le gouvernement d'Abdel Hamid Dbeibah, basé à Tripoli et qui partage le pouvoir avec un gouvernement parallèlement, basé dans l'Est libyen.
Cette nouvelle règle, prise visiblement sous la pression des islamistes de Tripoli, oblige les femmes et les filles à avoir un accompagnateur mâle, appelé « mahram », pour pouvoir voyager et remplir un formulaire détaillé précisant les raisons de leur déplacement. Celles qui refusent sont interdites de sortie du territoire.
Le gouvernement Dbeibah devait donner des explications aux experts de l'ONU sur cette mesure, mais, passé les 60 jours, les experts de l'ONU ont dénoncé publiquement cette « politique discriminatoire à l'égard des femmes et qui s'oppose aux droits fondamentaux et aux libertés des femmes et des filles », ont-ils indiqué.
« Il y a maintenant une condamnation claire et forte contre le gouvernement d'union nationale et précisément contre son appareil de sécurité intérieure. Les experts de l'ONU ont également appelé les autorités libyennes à mettre fin à toute forme de harcèlement, de discrimination et d'attaques effectués par les forces de sécurité contre les femmes qui défendent les droits humains et celles qui ont protesté contre cette politique discriminatoire durant les deux derniers mois.
Le gouvernement n'a d'autre choix que de retirer ce décret discriminatoire et qui contredit toutes les législations nationales libyennes », souligne Zahara Langui, directrice exécutive de la Plateforme des femmes libyennes pour la paix et militante pour les droits humains.
Les experts de l'ONU ont également exhorté le gouvernement de Tripoli à retirer « cette démarche discriminatoire ».