Madagascar: Les grandes richesses architecturales d'Antananarivo

Antananarivo, la capitale malgache, renferme des monuments, édifices et réalisations architecturales qui la caractérisent. Les nombreux urbanistes et architectes qui les bâtissent, tels A. Jully, s'accordent à affirmer que le doyen des monuments d'Antananarivo est le tombeau de l'ancien Premier ministre, Rainiharo, à Isotry (ou Isoraka). Construit en 1835, par Jean Laborde, il a pour revêtement, formant voûte au-dessus du caveau, une dalle de dimensions énormes. « Il ouvre à Antananarivo l'ère de la pierre taillée. »

L'inspiration est visiblement hindoue puisque son réalisateur a vécu trois ans à Bombay, avant d'atteindre en naufragé Madagascar. « L'ensemble ne manque pas de caractère. L'aspect massif convient bien à l'importance du personnage auquel il était destiné. » Depuis, il sert de modèle aux édifices de ce genre. Le deuxième monument le plus admiré est Manjakamiadana, le Palais de la Reine. Alors qu'il est en bois, l'admiration de la voyageuse Ida Pfeiffer s'exprime dans son Voyage à Madagascar, au milieu du XIXe siècle.

« On doit considérer l'érection de ce Palais comme une oeuvre gigantesque digne d'être assimilée aux Sept merveilles du Monde. » L'adjonction de l'enceinte en pierre de taille par Cameron en 1869, aurait, parait-il, « alourdi et enlaidi ce monument ». Selon A. Jully, les quatre tourelles d'angle « seraient d'une architecture composite, formée d'éléments hétérogènes où l'on rencontrerait tout, jusqu'au gothique bâtard ».

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Mais, ajoute-t-il, « ce qui séduit de loin, c'est la masse, campée, assise sur ce sommet qui domine la plaine ». D'autres architectes, plus avisés, considèrent pourtant ce revêtement tout à fait sensé « Fallait-il laisser l'élégante case-Palais exposée, sur son haut-lieu, aux intempéries et aux injures du temps ? (...) Certes, la solution de l'enceinte de pierre est peu commune, mais, à bien réfléchir, elle était préférable à la destruction, préalable du Palais de bois... »

Et ces spécialistes de conclure : « C'est bien ainsi qu'on a procédé dans le haut Moyen-Age lorsqu'il fut décidé de substituer la pierre de taille aux madriers des tours et des châteaux-forts primitifs ; témoin, la Tour de Londres avec laquelle notre Palais offre quelque analogie. »

Avec les ans, le Palais de la Reine semble grandir en majesté. Il en est de même pour le Palais du Premier ministre, sa réplique à Andafiavaratra. Toutefois, nombreux sont ceux qui jugent sévèrement ce dernier monument. Tel, comme toujours, A. Jully qui se targue de sa qualité d'orfèvre et éreinte son réalisateur.

« Quant à M. Pool qui revenait des Indes, il fait beaucoup, mais en général, il fit mal. La plupart des bâtiments élevés par lui sont d'un mauvais goût et d'une construction déplorables. Son architecture hindoue, bâtarde, manquant de relief et lourde dans son ensemble comme dans ses détails, offre un mélange de tous les styles et de toutes les époques, amoncellement sans conception d'ensemble et sans proportion par la suite.

Le Palais du Premier ministre en est un exemple frappant : ce grand rectangle, flanqué de tours et couronné d'un dôme, des clochetons vagues, des balustrades étranges et des colonnades massives, mérite les honneurs de la démolition et nous espérons que justice lui sera rendue » (sic). Cette férocité de jugement ne manque pas d'indisposer certains architectes des années 1950, qui ripostent et soulignent que ce Palais décrié fait toujours bonne figure auprès des édifices plus récents.

En effet, d'après eux, il s'incorpore dans le paysage urbain en formant avec le Palais de la Reine, ce couple monumental indissociable comme le couple souverain Reine-Premier ministre. Un vrai symbole pour les Malgaches. Ce symbole est ce que A. Jully compte aussi créer avec la Résidence de France. « Des architectures diverses, gothique, bâtarde, classique, hindoue, jetées en pâture à l'indigène, est sorti un chaos sans caractère.

C'est ce qui nous a frappés à notre arrivée à Tananarive en 1890. Et voilà pourquoi en construisant l'Hôtel de la Résidence de France, nous n'avons cherché qu'un résultat : faire de l'architecture française, tant dans la manifestation extérieure que dans l'aménagement intérieur.

La période de notre histoire qui caractérise le mieux notre art étant la Renaissance, c'est dans les oeuvres de cette époque que nous avons cherché nos documents, en essayant d'inspirer aux indigènes, dans les formes comme dans les détails, l'idée française : aussi notre plus grande joie est-elle d'entendre dire : Cette maison nous rappelle une construction de France. »

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