Madagascar: PBZT - D'abord botanique avant que zoologique

L'Express de Madagascar (20 juillet 2023) signalait la mort de plusieurs pensionnaires du zoo de Tsimbazaza. En espérant que cette hécatombe n'affecte pas à son tour la partie botanique, et pour sensibiliser à l'importance de ce Parc Botanique et Zoologique, un rappel historique pour conjurer de toujours possibles «détournements» que pressentait déjà son tout premier Directeur (1925-1934), l'ingénieur horticole Edmond François : «tenir compte de l'opinion publique indifférente, mais vite hostile, si le Jardin n'offre pas un caractère aimable, agréable (...) donner aux plantations une certaine importance, un peu d'élégance, pour désarmer les critiques et éviter les revendications de tous ceux qui sont désireux de le faire attribuer à bien d'autres affectations».

On se souvient de l'émotion suscitée en novembre 2021 par l'éventualité d'une privatisation de ce PBZT qui relève (comme l'épreuve du baccalauréat) du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.

Ce ne sont pas moins de 12 hectares, sis à Andoharano, près du lac de Tsimbazaza, qui furent affectés à la création de ce parc botanique, par arrêté du Gouverneur Général Marcel Olivier, en date du 29 août 1925. Dans sa plus grande extension, le Parc atteignit 27 hectares.

Depuis, il faudra déduire la partie cédée pour la construction du bâtiment de l'Assemblée nationale en 1959 ainsi que la superficie allouée à l'Académie malgache. Mais, même amputée de sa partie orientale, au pied de la colline d'Ambohipotsy, c'est une formidable superficie au coeur de la Capitale.

%

Présent à Madagascar depuis 1896, le botaniste Henri Perrier de la Bâthie (11.08.1877-03.10.1958), avait réclamé la création de Réserves Naturelles dès 1912. Le 25 mars 1925, lors d'une communication à l'Académie malgache, Henri Perrier de la Bâthie, Modeste Louvel (inspecteur des Eaux et Forêts) et Georges Petit (Museum d'Histoire naturelle de Paris), présentèrent leur «Projet d'établissement des Parcs nationaux à Madagascar».

Par une facétie de l'administration et de la politique, c'est donc un jardin botanique qui sera d'abord accordé en cette année 1925. La création de 10 réserves naturelles aboutira finalement avec le décret du 31 décembre 1927. La publication, cette même année 1927, du livre d'Henri Humbert (1887-1967), «La disparition des forêts à Madagascar» avait dû achever de convaincre les décideurs.

Pierre Boiteau (03.12.1911-01.09.1980), Directeur du Parc Botanique et Zoologique de 1934 à 1947, posait des questions fondamentales, dès 1945-1947 : «cet enseignement (supérieur), essentiellement objectif et non livresque, pour être fructueux, exige les matériaux d'étude nécessaires.

Or, la réalisation d'une collecte systématique digne de ce nom, en tenant compte des délais de récolte, d'introduction, d'acclimatation, représente de dix à douze années de travail ininterrompu. Attendra-t-on que l'Université de Tananarive reçoive des élèves, pour se mettre à ce travail, en sacrifiant ainsi volontairement les dix premières générations d'étudiants, condamnés à un travail fastidieux et stérile ?»

Notre «Madagasikara» est un euphorbe du genre Poinsettia, originaire du Mexique. Cette plante est visible au PBZT, mais pour une partie botanique (kalanchoe, vahombe, ravinala, rofia, orchidées, etc.), naturellement peu spectaculaire par rapport au zoo animalier, les scientifiques pouvaient sembler bien exigeants : «dictionnaire vivant permettant des diagnoses exactes», «carte agrostologique de l'île», «catalogue complet des végétaux», «carte agronomique de détail». Le Dr. Henri Poisson (24.08.1877-08.05.1963), comme Pierre Boiteau, avaient des ambitions scientifiques légitimes que ne durent pas toujours comprendre les administrateurs et les politiques.

Les questions que se posait Pierre Boiteau, dans son Rapport annuel du 19 février 1947, gardent de leur actualité : «Les moyens qui sont mis à notre disposition sont tellement réduits que, non seulement il ne peut être question de développer les organismes existants, mais qu'encore, il est à craindre que même ce qui existe, et entre autres des collections, qui ont exigé un long travail de regroupement et d'étude, ne viennent à disparaître» (...) le rôle du jardin botanique, rôle essentiellement scientifique et non spectaculaire : Il s'agit de savoir si l'on veut s'en tenir à un jardin public, auquel cas les chercheurs scientifiques n'ont plus rien à y faire».

(à suivre)

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.