Madagascar: Souveraineté numérique - Des infrastructures en cours de mise en place

interview

L'Etat a alloué un fonds propre de 50 millions USD, pour les infrastructures permettant d'assurer la souveraineté numérique de Madagascar, selon le ministre de tutelle Tahina Razafindramalo. Interview.

Midi Madagasikara (MM). Pourquoi la souveraineté numérique est-elle nécessaire et qu'est-ce que cela implique ?

Ministre Tahina Razafindramalo (MDNTPT). En raison de l'ouverture vers l'extérieur, nous sommes confrontés à de nombreuses attaques, des piratages de sites, des logiciels malveillants, des vols de données et même des chantages, y compris vis-à-vis de l'État. Si nous prenons l'exemple de l'aviation civile, les menaces sont bien réelles. C'est pourquoi en 2019, nous avons décidé de travailler en vue d'assurer notre souveraineté numérique. Cette initiative nécessite des actions tant au niveau réglementaire que technique.

MM. Quelles sont ces actions ?

MDNTPT. Au niveau réglementaire, nous avons instauré l'Unité de Gouvernance Digitale depuis la crise de la Covid-19. Dans le cadre de la gestion des informations personnelles au sein de l'Administration publique, l'État a créé le Centre national d'état civil et d'identité (CNECI). De plus, la Commission malagasy pour l'informatique et les libertés (CMIL) veille à la protection des données personnelles, tandis que le Computer incidence response team (CIRT) a été mis en place pour résoudre les problèmes techniques liés aux cyberattaques.

Concernant le volet technique, notre objectif est de mettre en place un Data Center propre à l'État. Actuellement, certains ministères disposent déjà de leurs propres Data Centers, tels que le ministère de l'Économie et des Finances (MEF) et ses directions générales. Toutefois, d'autres ministères possèdent des mini-serveurs. Mais les directions du système informatique (DSI) peuvent ne pas avoir les compétences nécessaires pour assurer la sécurisation de ces serveurs.

Pour remédier à cette situation, nous avons établi un partenariat avec Huawei pour mettre en place un serveur central de Data Center répondant aux normes internationales TIERS II, le plaçant ainsi parmi les plus performants au monde. Ainsi, toutes les données de l'État, tous les sites web et applications gouvernementales seront hébergés dans ce Data Center. L'Unité de gouvernance digitale, en collaboration avec le CIRT et les DSI, aura pour mission de protéger ce serveur contre toutes menaces extérieures, assurant ainsi la sécurité de nos données numériques gouvernementales.

MM. Pourquoi faudrait-il un fonds important et d'où vient ce financement ?

MDNTPT. En effet, les projets visant à renforcer notre souveraineté numérique bénéficient d'un financement de 50 millions USD, entièrement assuré par les fonds propres de l'État. L'un de ces projets consiste en la mise en place du Réseau privé de l'État. Actuellement, pour relier les ministères et institutions publiques, nous devons nous appuyer sur les opérateurs privés de télécommunication, impliquant ainsi la conclusion de contrats avec eux. Cependant, grâce au futur réseau privé de l'État, cette situation sera différente.

Les connexions se feront via une fibre optique privée d'une longueur totale de 300 km, dédiée à relier toutes les institutions publiques. Ce réseau sera entièrement géré par l'État, garantissant ainsi une pleine souveraineté numérique.L'implémentation de ce projet est déjà en cours, mais le public est principalement conscient de la partie visible de l'iceberg, à savoir les 1 200 caméras de surveillance déployées dans la ville d'Antananarivo.

Ces caméras sont connectées à notre Data Center et les images ainsi que les applications sont exploitées et gérées par le ministère de la Sécurité publique (MSP), la Gendarmerie et le ministère de la Défense nationale (MDN). Notre rôle au sein du ministère du Développement numérique, de la Transformation digitale, des Télécommunications et des Postes (MNDTP) est de fournir un soutien technique en cas de besoin, assurant ainsi la bonne gestion et l'utilisation de ce système de surveillance pour le bien-être de tous.

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