Le directeur général de l'Institut national des statistiques (INSTAT), Tarzan Ndremitsara a apporté des explications concernant les évolutions du taux d'inflation et du taux de croissance à Madagascar, qui ont fait polémique ces derniers temps.
Concernant le taux d'inflation enregistré en 2022, « cela s'est chiffré en moyenne à 8,15%. Ce taux d'inflation est en dessous de la moyenne au niveau du continent africain, voire même au niveau mondial. Nous avons ainsi pu maîtriser son évolution grâce aux différents efforts menés par l'Etat », a fait savoir le directeur général de l'Institut national des statistiques (INSTAT), lors de sa rencontre avec la presse tout récemment.
En revanche, ce premier responsable de cet organisme en charge de la manipulation des données statistiques à Madagascar, reconnaît que le taux d'inflation enregistré en mai 2023 est galopant, atteignant 11,8%. « Mais cela ne reflète pas la hausse du coût de la vie dans la réalité, étant donné qu'il s'agit d'un indice des prix à la consommation en glissement annuel, soit entre la période de mai 2022 et mai 2023.
Toutefois, un taux d'inflation à deux chiffres est déjà élevé. C'est dû notamment à la flambée des prix des carburants atteignant près de 40% au mois de juillet 2022. Cette hausse des prix des produits pétroliers s'est ensuite répercutée sur les prix des produits de première nécessité, et ce, de façon dégressive afin de contenir le taux d'inflation », d'après toujours ses explications.
Taux de croissance soutenu
En outre, le directeur général de l'INSTAT tient à préciser que ce taux d'inflation élevé n'est pas la moyenne annuelle. « En effet, au mois de juin et de juillet de cette année, le niveau de l'inflation a déjà diminué aux alentours de 10%. Selon nos dernières prévisions, le taux d'inflation est estimé en moyenne à moins de 10% cette année. Soit à 9,5% ou bien à 9,8%. C'est pour ainsi dire que le taux d'inflation est bien maîtrisé actuellement », a-t-il déclaré.
En dépit de tout cela, la plupart des ménages aussi bien en milieu urbain que rural se plaignent de la hausse du coût de la vie. Ils ne trouvent qu'une seule solution, celle de réduire leur consommation journalière de produits de première nécessité surtout le riz à cause de l'effritement de leur pouvoir d'achat. Quant à l'évolution du taux de croissance, il a poursuivi que Madagascar a enregistré un taux positif de l'ordre de 4% l'année dernière s'il était de moins de 5% l'année précédente, en raison des impacts de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.
« Ce taux de croissance de l'ordre de 4% sera encore stabilisé et soutenu cette année, selon nos estimations, grâce à l'augmentation des investissements dans le secteur du bâtiment et des travaux publics pour ne citer que la construction des infrastructures publiques telles que les hôpitaux et les écoles.
L'évolution des exportations de nickel et de cobalt depuis l'an dernier a également contribué à l'augmentation du taux de croissance. En revanche, les retombées économiques positives de cette évolution du taux de croissance soutenu ne seront perceptibles au niveau des ménages qu'à partir de l'année 2024 », a fait savoir Tarzan Ndremitsara, le directeur général de l'INSTAT.
Imposer un quota d'importation
Par ailleurs, il a soulevé qu'il faut viser le long terme en boostant le secteur de l'agriculture et de l'élevage et le secteur du tourisme qui constituent un des leviers de développement économique du pays afin de soutenir ce taux de croissance. « Le développement des exportations minières et aurifères et l'amélioration de la production locale contribuent également à l'amélioration de la valeur de notre monnaie nationale. En revanche, nous devons réduire autant que possible les importations même si cela constitue une contrainte pour certains produits. Il faut entre
autres être vigoureux quand on importe des biens sans certificat d'origine pour ne parler que les véhicules qui envahissent le marché local, quitte à imposer un quota, et ce, pour éviter l'inflation importée. Tous ces effets conjugués permettront d'augmenter le Produit Intérieur Brut de la nation », a exprimé le directeur général de l'INSTAT. A part cela, il a également apporté des précisions concernant l'évolution du taux de pauvreté à Madagascar.
« Nous ne pouvons pas encore avancer de chiffres officiels étant donné que les données statistiques fournies par l'INSTAT seront encore transmises en conseil des ministres avant leur publication officielle. Mais selon nos prévisions, le taux de pauvreté n'a pas du tout dépassé les 80% », a-t-il conclu.