Au Mali, le bogolan est un tissu de coton coloré avec de la boue fermentée. C'est d'ailleurs ce que signifie le mot bogolan, littéralement « fait avec la terre », en bambara. Afin de protéger et de développer cette filière traditionnelle, le Mali est en train de créer un label qui doit permettre de faire reconnaître ce savoir-faire national malien.
Un logo a déjà été adopté fin juin. Dorénavant, un masque traditionnel sera apposé sur tous les bogolans fabriqués au Mali afin de certifier leur origine géographique. La prochaine étape sera celle de la reconnaissance de ce label par l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi).
À Ségou, le centre Ndomo est spécialisé dans le bogolan. On y crée des pièces uniques, vendues au Mali et dans le monde entier. On y forme aussi de jeunes artisans. Son directeur, Boubacar Doumbia, défend et perpétue les méthodes traditionnelles du bogolan, ce coton malien teint avec des couleurs naturelles.
« Ces couleurs naturelles sont obtenues à partir de certaines plantes à tanin. On pile les feuilles, on met l'eau là-dessus. Au bout de 30 minutes, on a la couleur jaune. Et dès que le tissu est trempé dedans, ça tient le tissu et ça ne part pas. L'argile en contact avec ce tanin sur le tissu, il y a une réaction chimique qui donne immédiatement les noirs. Le tissu devient bogolan fini, vu le résultat de la terre sur le tissu ».
Protéger les créateurs maliens
Sur ce tissu, sont ensuite dessinés des symboles, inventés par les communautés locales, qui portent des messages de paix ou vantent les vertus de grands personnages. Joint par RFI, le Centre malien de promotion de la propriété industrielle (Cemapi) n'a pas donné suite.
Boubacar Doumbia, référence malienne pour la fabrication et le commerce du bogolan, explique lui-même en quoi la création d'un label est devenue nécessaire pour protéger le bogolan et ses artisans : « Les industries textiles ont commencé à s'intéresser aux créations du Mali et on en voit partout. À travers l'Afrique de l'Ouest, on voit des tissus imprimés avec le design type bogolan. Compte tenu de cette réalité de piratage, les artisans qui vivent de ce travail ont des difficultés pour pouvoir vendre leurs produits ».
Bamako espère obtenir le certificat de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle pour les artisans maliens du bogolan, d'ici à six mois.