Au Soudan, c'est un témoignage rare qui vient du Kordofan du Nord, dans le centre du pays. Sara Abdelrazil habite à El Obeid, la capitale de cet État, où elle travaille pour l'ONG Save the Children. Dans un texte publié vendredi, Sara Abdelrazil décrit la violence omniprésente qui sévit dans sa ville.
« Je vis à El Obeid depuis longtemps mais je n'ai jamais vu les choses aller si mal », raconte Sara Abdelrazi. Dans ce texte publié par l'ONG, elle décrit l'atmosphère apocalyptique de sa ville. Les rues désertes, les tirs, les bombardements, et partout des hommes armés qui font leur loi. « Il y a du pillage partout. Vous ne pouvez pas conduire de peur d'être arrêté et de vous faire voler votre voiture et d'être battu ou même tué. Vous craignez constamment pour vos enfants car des rapports font état d'hommes armés faisant des descentes dans des maisons la nuit et kidnappant des filles », raconte-t-elle.
Dans la ville, « il n'y a pas d'eau, sauf si vous l'achetez en magasin », poursuit Sara Abdelrazi. En mai, l'électricité a été coupée pendant trois semaines. Les prix de la nourriture ont explosé. Les marchés sont partiellement ouverts mais il n'y a rien sur les étals. « Dans le passé, ceux qui avaient de l'argent pouvaient tout se procurer, écrit-elle, aujourd'hui tout le monde est au même niveau ».
Et puis il y a cette peur qui ne quitte pas Sara et sa fille adolescente. Les jeunes filles sont constamment menacées d'enlèvement ou de viol. « Plus personne n'ose sortir avec ses enfants », décrit la mère. Elle raconte les raids nocturnes, les viols et l'impuissance des habitants face aux armes. « Chaque nuit, des hommes kidnappent des filles. Elle a dit que si vous le signalez, même si vous criez ou ouvrez la bouche pour arrêter la violence, vous serez tué. Je ne peux pas imaginer que quelqu'un prenne mes filles. Les filles ont peur et les parents ont peur pour elles », ajoute-t-elle.
Selon Save the children, le conflit au Soudan a déja fait au moins 3 000 victimes, dont 330 enfants. Plus de 3 millions de personnes ont déjà fui les combats.