Afrique: Sommet de Rome sur les migrations - Une introspection profonde s'impose

Près de 1000 personnes sont mortes sur la route des migrants de la Méditerranée centrale en 2021.(archive)
23 Juillet 2023
analyse

Rome, la capitale d'Italie, a abrité, le 23 juillet 2023, un sommet sur les migrations et le développement, réunissant les pays riverains de la Méditerranée que sont non seulement les pays européens dits de « première entrée mais aussi les pays d'arrivée, de transit et d'origine des migrants ».

A travers cette énième rencontre sur un thème aussi vieux que le monde, l'on peut, sans risque de se tromper, dire que les migrations illégales constituent une véritable préoccupation pour les Européens qui sont plus que jamais déterminés à stopper la déferlante de jeunes Africains. Mais l'attitude des Occidentaux ressemble, à bien des égards, à une vaste hypocrisie.

En effet, pendant qu'ils donnent l'impression de défendre les droits humains, ils continuent à déverser beaucoup d'argent aux pays de transit pour empêcher, par presque tous les moyens, les migrants d'atteindre leurs côtes. Le protocole d'accord signé par l'Union européenne, le 16 juillet dernier, avec la Tunisie, pour armer ce pays au sens figuré comme au propre du terme, contre les migrations illégales en échange de 105 millions d'euros, en est une preuve.

C'est pourquoi des ONG souhaitent que ce sommet de Rome demande en priorité à la Tunisie qui s'est récemment illustrée négativement en matière de traitement de migrants, le respect des droits humains.

Mais il ne faut pas se leurrer. Si les Occidentaux ont convié des dirigeants autoritaires comme Kaïs Saïed de la Tunisie à ce sommet, ce n'est certainement pas pour leur remonter les bretelles. Loin s'en faut ! Le nouveau deal des Occidentaux, c'est plutôt d'encourager ces dirigeants à durcir les mesures contre les migrants en contrepartie d'espèces sonnantes et trébuchantes.

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On ne saurait absoudre à bons comptes la jeunesse africaine

Et un président comme Kaïs Saïed dont le pays est au bord de l'asphyxie économique, ne saurait cracher sur une telle proposition. Autant dire qu'il ne faut pas attendre grand-chose de ce sommet, surtout pas en termes d'amélioration des conditions de traitement des migrants.

En vérité, la responsabilité des Occidentaux dans la souffrance des migrants africains, est grande et cela devrait leur donner à réfléchir. Ce d'autant que les mesures parfois drastiques prises, ne semblent pas dissuader les candidats à l'immigration.

En tout cas, on fait le constat que ni la soif, ni les tempêtes en haute mer encore moins les naufrages n'émoussent la détermination des jeunes Africains à rejoindre l'Europe. C'est dire si une introspection profonde s'impose aussi bien pour les Occidentaux que pour les dirigeants africains.

La responsabilité de ces derniers dans le phénomène migratoire, ne fait aucun doute. La persistance de l'immigration illégale n'est ni plus ni moins que l'expression de l'échec des politiques africaines de développement.

En effet, tant que les dirigeants africains ne seront pas capables d'offrir des opportunités à même de garantir l'avenir de la jeunesse africaine, des candidats tenteront toujours de traverser la mer au péril de leur vie et cela, en quête d'un mieux-être. Tant qu'il y aura des guerres et autres conflits sur le continent noir, des jeunes Africains sauteront dans des embarcations de fortune à la recherche d'une terre d'espoir.

Cela dit, on ne saurait absoudre à bons comptes la jeunesse africaine dont le premier réflexe est de prendre la mer dès que les conditions de vie deviennent précaires. Elle se doit d'être plus lucide et d'éviter de céder à la tentation de la vie facile qu'on lui fait miroiter à travers des films.

Au demeurant, si le continent se vide de ses bras valides, qui viendra le construire à la place des Africains ? Les jeunes ont certes mille raisons de s'offusquer de leur sort au regard de certaines pratiques : achat de matières premières à vil prix donc paupérisation du continent, trucages d'élections, corruption à grande échelle, etc., mais il serait naïf de croire qu'ailleurs, c'est l'eldorado. Il n'y a pas de succès sans souffrance.

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