Il s'est ouvert hier dimanche, à Brisbane en Australie, la Conférence de la société internationale du Sida. Une nouvelle rencontre sur une problématique de santé publique, depuis la découverte du virus le 20 mai 1983 par des virologues de l'Institut français Pasteur.
Il va sans dire que durant ses quarante ans de sinistre existence, ce mal a eu d'importantes conséquences socio-économiques à travers le monde, ne serait-ce que par l'ampleur du nombre de morts. Selon les statistiques de l'Onusida, 40,4 millions ont à nos jours succombé à des maladies liées au sida depuis le début de l'épidémie. Et le drame reste d'actualité car, selon les estimations, en 2022, 39 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde, dont 1,3 million de contaminations pour la seule année 2022.
Il est néanmoins fort heureux de constater que beaucoup d'efforts ont été faits pour venir à bout de la pandémie, notamment dans le domaine de la recherche et de la prise en charge avec la trithérapie. Et cet homme, désigné comme « le patient de Genève », en longue rémission du VIH après avoir reçu une greffe de moelle osseuse, est illustratif des progrès réalisés.Son traitement antirétroviral a été progressivement allégé et définitivement arrêté en novembre 2021. Les analyses réalisées pendant les 20 mois qui ont suivi l'arrêt du traitement n'ont détecté ni particules virales, ni réservoir viral activable, ni augmentation des réponses immunitaires contre le virus dans son organisme. L'espoir est donc permis, même si le combat est encore loin d'être gagné, surtout pour l'Afrique, dont celle subsaharienne, qui abrite 65% des séropositifs dans le monde.
Pauvre continent qui, qu'il s'agisse du Sida ou pour bien d'autres choses, a été toujours été à la traîne. Pour ne rien améliorer, l'on a l'impression que sous nos tropiques, il y a une forme de banalisation de la maladie. C'est comme si on baissait la garde, par notre fait et aussi par le fait des puissances économiques et sanitaires. Vu d'Afrique en effet, on a comme le sentiment que si depuis les 40 ans que la pandémie existe, tous les moyens avaient été réunis à la hauteur du COVID-19, on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui. Comparaison n'est pas raison et un virus n'étant toujours pas égal à un autre par ailleurs, il a seulement fallu moins de deux ans pour qu'on trouve trois ou quatre vaccins contre le COVID qui, il faut le reconnaître, avait sérieusement mis en cale l'économie mondiale.
Si on a pu donc canaliser les énergies pour réduire le coronavirus, on pourrait en faire de même pour cette affection, qualifiée naguère de « mal du siècle » et qui conserve toujours sa capacité de nuisance. L'impression qui se dégage est que comme ça touche surtout l'Afrique, il s'agit d'une cause orpheline. Même s'il ne faut pas pour autant jeter le bébé et l'eau du bain. Il ne faut surtout pas occulter les moyens mis en branle par la communauté internationale. Rien qu'en 2022, 20,8 milliards de dollars ont été injectés dans la lutte, sans oublier qu'il en faut 30 en 2025, selon les projections, pour tenir le coup.