Nairobi — De nouvelles manifestations sont annoncées par l'opposition au Kenya contre le coût de la vie et la politique économique du gouvernement, après celles de ces derniers jours violemment réprimées dans le sang (voir Fides 20/7/2023).
La loi de finances, qui introduit de nouvelles taxes, a particulièrement enflammé les esprits. Dans une déclaration lue par Mgr Anthony Muheria, archevêque de Nyeri, la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB) a demandé au Président William Ruto de l'abroger.
"Le coût élevé de la vie a créé un lourd fardeau pour les individus et les familles en rendant difficile l'obtention de moyens de subsistance et le maintien d'un niveau de vie décent", a déclaré l'archevêque de Nyeri, citant en particulier le taux de chômage élevé et les graves difficultés rencontrées par de nombreux Kényans pour accéder à l'éducation et à des soins de santé adéquats. "Dans ce contexte, la récente loi de finances fait peser un fardeau insoutenable sur des citoyens déjà très éprouvés, en particulier ceux qui vivent avec de faibles revenus. Nous demandons donc au Président d'abroger le projet de loi de finances et de lancer un processus visant à atteindre les mêmes objectifs (du projet de loi de finances) dans le contexte de la crise actuelle", a ajouté Mgr Muheria, faisant allusion à une invitation au dialogue avec l'opposition.
Dans leur message, les évêques appellent le président William Ruto et le chef de l'opposition Raila Odinga au dialogue : "Nous demandons que l'absence de discussions bipartites soit reprise dans un contexte différent, avec la participation de chefs religieux et d'autres personnes et organismes éminents. Nous pensons qu'il n'y a pas de problème, aussi difficile soit-il, qui ne puisse être résolu par le dialogue. Nous devons à tout prix éviter les pertes de vies humaines. Le sang ne doit plus couler".
Rien qu'en juillet, au moins 27 personnes ont été tuées lors d'affrontements entre la police et les manifestants.
La situation économique difficile du Kenya est due à la lourdeur de la dette extérieure, aggravée par l'affaiblissement de la monnaie locale et les turbulences sur les marchés internationaux. Les paiements d'intérêts annuels dépassent à eux seuls les 5 milliards d'USD. Le risque de faillite du pays est réel selon les experts financiers. Pour tenter de réduire les dépenses de l'État, le président Ruto a supprimé un certain nombre de subventions au détriment des classes les plus faibles. La crise économique est exacerbée par l'affrontement entre Ruto et Odinga, ce dernier continuant à affirmer qu'il a gagné les élections et qu'il a été victime d'une fraude électorale.