La visite officielle du Premier ministre a duré 72h à Managua, la capitale du Nicaragua. Il a participé à la cérémonie officielle du 44e anniversaire du triomphe de la révolution sandiniste avant de regagner la capitale Ouagadougou, où certains pensent que ce voyage était inopportun.
"Le Nicaragua n'est pas un modèle de gouvernance, c'est un pays en proie à des difficultés, estime Évariste Konsimbo, chroniqueur média et président du Cercle d'éveil. Tout ce que cette visite permet, c'est au Premier ministre de découvrir des pays parce que c'est un rêveur. Cela ne peut rien apporter au Burkina Faso."
"Si le Nicaragua pense qu'il peut apporter quelque chose au Burkina Faso, il n'a pas à appeler notre président ou notre Premier ministre, qu'ils envoient des gens chez nous pour qu'on travaille ensemble, critique Issaka Lingani, analyste politique interviewé sur la télévision privée BF1. et voir les zones dans lesquelles on peut avancer. Il ne faut pas se distraire dans les voyages, nous ne sommes pas en temps normal, nous sommes en situation de guerre."
La révolution sandiniste menée par le Front sandiniste de libération nationale a mis fin à la dictature de la famille Somoza en 1979 avant de tenter de réformer la société et l'économie du pays malgré l'embargo américain. Les sandinistes ont par ailleurs été accusés de graves atteintes aux droits humains, notamment de tortures, disparitions forcées et d'exécutions massives. Malgré tout, d'autres Burkinabè sont beaucoup moins critiques de ce déplacement.
"Le Nicaragua est une terre de résistance, de souveraineté. Ici au Burkina Faso, nous avons aussi opté pour la lutte pour la souveraineté, nous avons opté de chercher des modèles qui nous ressemblent, assure Adama Siguiré, professeur de philosophie et écrivain. Ce sont des visites encore à multiplier pour montrer notre volonté de nous affirmer, de tracer notre voie et de ne pas dépendre des autres surtout de nos amis, surtout de la France et ses alliés, qui ont toujours cru que nous sommes nés pour les servir."
Le Premier ministre est revenu à Ouagadougou affirmant avoir été séduit par la discipline au Nicaragua. Il a déclaré que le Burkina a été honoré lors de la célébration du 44e anniversaire du triomphe de la révolution sandiniste car étant le seul pays à y prendre la parole.