C'était il y a 9 ans... Le 24 juillet 2014, le vol AH5017 d'Air Algérie s'écrasait en plein Sahel, dans le nord du Mali. Le bilan est alors de 116 morts, dont 54 Français. Ce lundi 24 juillet 2023, un rassemblement a eu lieu dans le parc de Bercy à Paris, où une allée a été nommée en mémoire des victimes. Les familles des victimes se disent déçues de la suspension du procès, initialement prévu pour octobre.
Des marguerites et un peu de musique pour ce moment de recueillement. Cette année, la tristesse des familles a été ravivée par l'annulation en début du mois juillet du procès prévu à Paris à l'automne, pour lequel beaucoup avaient déjà pris leurs billets de train et posé des congés.
Au cours de ce rassemblement, les familles ont dit leur colère alors que le procès de la compagnie espagnole Swiftair, propriétaire de l'avion et de l'équipage, qui devait avoir lieu en octobre, a été suspendu, le temps que la justice européenne examine des points de droit.
Un sentiment d'injustice
Sandrine Tricot, qui a perdu son mari dans le crash, avait même commencé à avoir une psychologue. « Neuf ans ont passé. Comment vous expliquez à vos proches, à votre famille, à votre employeur, à vos collègues, que l'émotion ressurgit ? Il y a 9 ans, tout le monde était dans une empathie naturelle. Aujourd'hui, la vie a repris et c'est normal et j'ai vraiment peur que ce procès vienne de nouveau me déstabiliser. On avait une échéance et on la voit s'envoler cette échéance. Donc forcément, c'est compliqué », dit-elle.
À la déception s'ajoute un sentiment d'injustice. « Tout le monde avait reçu des convocations pour pouvoir se rendre au tribunal. Par contre, on n'est pas "déconvoqué". Personne ne nous dit rien, constate Suzanne Aillot, présidente de l'association des victimes. On n'a pas été aidé par les magistrats là-dessus, on a aucune explication. Ce qui nous est tombé sur la tête, c'est tellement inattendu. On se sent ballotté et là, on ne sait pas où on va. »
La tenue du procès dépend maintenant de la décision de la Cour de justice de l'Union européenne. Elle doit dire si Swiftair, qui a bénéficié d'un non-lieu en Espagne, peut être jugé en France. Une procédure qui pourrait prendre deux ans.