Sénégal: La cherté, principal écueil à l'effectivité de la transplantation rénale (responsable)

Dakar — L'effectivité de la transplantation rénale au Sénégal est principalement entravée par la cherté de cette opération dont le coût est évalué à 20 millions de francs CFA, a indiqué le président du Conseil national du don et de la transplantation (CNDT), Professeur Elhadji Fary Kâ.

"Le problème fondamental, c'est de trouver un mécanisme de financement pour la transplantation. [Autrement], nous [aurions] commencé pour juste transplanter une faible proportion de malades", a souligné le président du Conseil national du don et de la transplantation dans une interview avec l'APS.

"Fondamentalement, s'il y a un facteur limitant au démarrage de la transplantation rénale, c'est le coût. Nous avons évalué le coût de la transplantation et le document est disponible", a insisté le néphrologue.

Il a précisé que "le coût d'une transplantation rénale peut tourner autour de 20 millions FCFA et même plus". Selon lui, "ce qui coûte cher, ce sont les médicaments immunosuppresseurs parce que quand on vous greffe, il faut qu'on vous évalue et qu'on évalue le donneur, pour qu'on soit sûr que cette personne peut donner et qu'il n'y a pas de risque pour elle".

"La transplantation a à peu près le même coût que la dialyse la première année. Et à partir de la deuxième année, le coût est divisé par deux, par trois et ainsi de suite", a ajouté Pr Kâ.

Il a rappelé que la transplantation nécessite "beaucoup d'évaluations", précisant qu'il faut "à peu près 2 millions 600 mille FCFA pour faire l'évaluation complète du donneur". Il s'y ajoute qu'il faut aussi l'évaluation du receveur et les médicaments. Il souligne que les médicaments coûtent "entre 7 et 8 millions la première année, aux alentours de 4 millions la deuxième". Leur coût baisse cependant "au fur et à mesure" du traitement, a t-il rassuré.

Sur 1000 malades dialysés, 30 % peuvent être transplantés

Elhadji Fary Kâ a relevé les bénéfices de la transplantation rénale. "Si vous prenez l'hémodialysé, s'il vous coûte 10 millions [de francs CFA], il vous coûtera 10 millions par an, alors que le transplanté coûte 8 millions la première année et le coût va baisser progressivement chaque année", a t-il déclaré.

"Actuellement, nous avons plus de 1000 malades dialysés. Sur les 1000 patients, on peut estimer que les 30 % peuvent être transplantés mais s'ils n'ont pas de prise en charge, c'est absolument impossible", a t-il soutenu.

En l'absence de "mécanisme de financement", prévient-il, "nous allons nous retrouver à transplanter 5 % de tous les ayants droit, parce qu'ils n'auront pas les moyens de se faire évaluer et de se payer des médicaments".

"Nous avons même fait des propositions pour le financement de la transplantation. Il faut trouver des moyens de financement. La question fondamentale pour démarrer, c'est de trouver le financement comme nous avons réglé le problème de la dialyse dans les centres de dialyse", a-t-il expliqué.

"L'Etat gagnerait à mettre l'argent dans la transplantation parce que cela lui reviendrait moins cher en termes de bénéfices. Cela n'a rien à voir avec la dialyse, parce qu'on a une meilleure qualité de vie, une meilleure espérance de vie, surtout que nous avons des patients très jeunes actuellement", a-t-il affirmé.

Il s'est montré rassurant à ce sujet en affirmant que " les autorités sont sensibles à cette question du financement" et qu"'elles y travaillent".

"Il faut régler le problème du financement si nous voulons que la transplantation démarre et que cela soit pérenne", a-t-il martelé.

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