Afrique de l'Ouest: Nominations contestées au Burkina - Il faut prendre le taureau par les cornes

24 Juillet 2023

Il faut le dire ! Ça commence à en faire trop ! Il s'agit de ces nominations contestées soit par la rue soit par les travailleurs de la structure concernée.

La dernière en date est celle d'Adama Traoré, nommé Directeur général de l'Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA) par Conseil des ministres en sa séance du jeudi 6 juillet 2023, mais récusé par une bonne partie du personnel à travers son organisation de lutte, la section de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B). Et voilà une affaire qui n'est pas sans rappeler les frondes qui avaient valu à certains ministres de ne pas s'asseoir dans le portefeuille. Pour ne prendre que les derniers exemples, l'on peut citer les cas de Donatien Nagalo, ministre du Commerce et Yacouba Dié, ministre de l'Habitat. C'est donc dire que c'est un phénomène qui est en phase d'être en vogue au Burkina Faso depuis l'insurrection de 2014.

Quelles en sont les causes ? La première de ces causes est que les Burkinabè sont devenus plus exigeants en matière de gouvernance, même si l'on ne peut écarter les petits jeux politiciens d'intérêts inavoués. La veille citoyenne exige donc aujourd'hui que les Burkinabè qui doivent délayer le tô pour les autres, aient eux-mêmes les mains propres. Et pour illustrer cet état de fait, l'on peut prendre l'exemple des reproches faits par le personnel de l'ONEA au sieur Adama Traoré que l'on accuse d'être mêlé à de nombreuses malversations au sein de la Nationale de l'eau et de l'assainissement. La deuxième raison que l'on peut avancer pour expliquer ces nominations contestées, c'est la précipitation dans les castings faits par l'Exécutif.

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Il faut resserrer les mailles du tamis de la sélection des cadres appelés à la gestion des affaires de l'Etat

Certainement que les dossiers des candidats aux différents postes de responsabilités, manquent parfois de profondeur dans l'analyse, notamment en ce qui concerne le volet probité morale. Et c'est précisément cela que l'on peut déplorer dans la mesure où le gouvernement dispose de tous les moyens pour avoir les informations nécessaires sur les profils techniques et moraux des candidats aux différents postes dans l'Administration publique. Sauf à croire que certains promus sont des poulains de bonzes de régimes prêts à tout pour élever à la mangeoire d'Etat, leurs protégés. Mais quelles que soient les raisons, ces nominations contestées ne sont pas sans conséquences pour l'image du gouvernement.

En effet, l'impression que cela donne est que l'Exécutif rame à contrecourant des valeurs qu'il promeut dans les discours officiels et qui sont même consignées dans la Charte des valeurs de la Transition. Pire, les nominations contestées, en plus de porter atteinte à l'autorité du gouvernement, constituent en même temps un danger pour la paix sociale, au moment même où tous les fils de la Nation sont invités à la concorde nationale pour présenter un front uni contre l'hydre terroriste. Enfin, dernière conséquence des nominations contestées et pas des moindres, c'est le temps perdu dans l'action gouvernementale au moment où tout est urgent. Ce temps perdu, dans une société d'Etat qui intervient dans un domaine vital comme la distribution de l'or bleu, peut avoir des répercussions financières importantes, mais aussi avoir des implications sur la santé des populations.

En tout état de cause, le gouvernement qui, dans l'affaire Adama Traoré, a choisi d'éviter le bras de fer avec la CGT-B en promettant de faire la lumière sur les éléments de preuve apportés contre le DG récusé, doit prendre le taureau par les cornes en allant au-delà du traitement symptomatique et ponctuel du phénomène. C'est une thérapie en profondeur qu'il faut appliquer et le remède est tout trouvé : il faut resserrer les mailles du tamis de la sélection des cadres appelés à la gestion des affaires de l'Etat pour que n'arrivent aux hautes responsabilités, que des hommes et des femmes propres.

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