Afrique: L'OMS présente de nouvelles orientations sur la suppression de la charge virale du VIH et les dernières données scientifiques à l'IAS 2023

communiqué de presse

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) présente de nouvelles orientations scientifiques et normatives sur le VIH lors de la 12ème Conférence internationale scientifique sur le VIH de l'IAS (International AIDS Society) (en anglais).

De nouvelles orientations de l'OMS, ainsi qu'une revue systématique connexe publiée dans The Lancet, ont été annoncées aujourd'hui. Elles portent sur le rôle que jouent la suppression de la charge virale du VIH (en anglais) et les niveaux indétectables de virus pour ce qui est d'améliorer la santé individuelle et de stopper la transmission ultérieure du VIH. Les orientations décrivent les principaux seuils de charge virale du VIH et les approches permettant de mesurer les niveaux de virus par rapport à ces seuils ; par exemple, les personnes vivant avec le VIH qui atteignent un niveau de virus indétectable grâce à l'utilisation régulière d'un traitement antirétroviral ne transmettent pas le VIH à leur(s) partenaire(s) sexuel(s) et ont un faible risque de transmission verticale du VIH à leur(s) enfant(s). Les données indiquent également un risque négligeable, voire pratiquement nul, de transmission du VIH lorsqu'une personne a une charge virale du VIH inférieure ou égale à 1 000 copies par mL, ce que l'on appelle aussi communément une charge virale supprimée.

La thérapie antirétrovirale continue de changer la vie des personnes vivant avec le VIH. Les personnes vivant avec le VIH qui reçoivent un diagnostic et un traitement rapides, et qui prennent les médicaments prescrits, peuvent s'attendre à jouir de la même santé et de la même espérance de vie que les personnes séronégatives.

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« Depuis plus de 20 ans, les pays du monde entier s'appuient sur les lignes directrices de l'OMS fondées sur des données probantes pour prévenir, dépister et traiter l'infection par le VIH », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l'OMS. « Les nouvelles lignes directrices que nous publions aujourd'hui aideront les pays à utiliser des outils puissants qui ont le potentiel de changer la vie de millions de personnes vivant avec le VIH ou qui courent le risque d'être infectées. »

Fin 2022, sur les 39 millions de personnes qui vivaient avec le VIH, 29,8 millions suivaient un traitement antirétroviral (76 %), dont près des trois quarts (71 %) avaient une charge virale du VIH supprimée. Les personnes dont la charge virale est supprimée jouissent d'une bonne santé et ne risquent pas de transmettre le VIH à d'autres personnes. S'il s'agit là d'une avancée très positive pour les adultes vivant avec le VIH, la suppression de la charge virale chez les enfants vivant avec le VIH n'est que de 46 % - une réalité à laquelle il faut remédier d'urgence.

Voici un aperçu des autres principales données scientifiques et normatives présentées par l'OMS lors de l'IAS 2023 :

VIH et variole simienne

Une analyse des données de surveillance mondiale communiquées à l'OMS au cours de la flambée de variole simienne survenue dans plusieurs pays a révélé que, sur plus de 82 000 cas de variole simienne, 32 000 comportaient des informations sur le statut par rapport au VIH. Sur les 32 000 personnes concernées, 52 % vivaient avec le VIH, la plupart étant des hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes et plus de 80 % indiquant que les rapports sexuels étaient la voie la plus probable d'infection par le virus de la variole simienne.

Sur les 16 000 personnes diagnostiquées comme ayant la variole simienne et vivant avec le VIH, environ un quart (25 %) présentaient une infection à VIH à un stade avancé ou une immunodépression, ce qui entraînait un risque accru d'hospitalisation et de décès. Les personnes vivant avec le VIH qui suivaient un traitement contre le VIH et qui étaient bien immunisées présentaient des résultats semblables à ceux des personnes séronégatives en termes d'hospitalisation et de décès.

Compte tenu de ces données, l'OMS recommande aux pays d'intégrer la détection, la prévention et le traitement de la variole simienne dans les programmes existants et novateurs de lutte anti-infectieuse contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles.

Pour comprendre comment mieux se préparer et faire face à l'augmentation future de la transmission de la variole simienne, l'OMS a mené une enquête électronique rapide en mai 2023 afin d'évaluer quelle avait été l'expérience de la flambée de variole simienne au sein des communautés en 2022-2023 en Europe et dans les Amériques.

L'enquête portait sur plus de 24 000 personnes, ciblant les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes et les personnes trans ou de genre variant. Au total, 16 875 personnes correspondant aux critères y ont répondu. Près de 51 % ont indiqué avoir modifié leur comportement sexuel (par exemple, en réduisant le nombre de partenaires sexuels) et 35 % avoir maintenu ces changements un an plus tard. Les résultats de cette enquête donnent des informations précieuses sur les expériences et les besoins des communautés touchées et soulignent l'importance d'accroître l'accès à la vaccination contre la variole simienne et au diagnostic de cette maladie à l'échelle mondiale.

VIH et COVID-19

Une analyse actualisée (jusque mai 2023) de la plateforme clinique mondiale de l'OMS pour la COVID-19 a mis en évidence un risque élevé persistant de décès chez les personnes vivant avec le VIH qui étaient hospitalisées pour cause de COVID-19 due aux vagues de variants préalables à Delta, de variant Delta et de variant Omicron, avec un taux global de mortalité à l'hôpital situé entre 20 et 24 %. Pour les personnes séronégatives, le risque de décès a diminué de 53-55 % pendant la vague de variant Omicron par rapport aux vagues de variants préalables à Delta et de variant Delta mais, pour les personnes vivant avec le VIH, la mortalité a diminué de façon modérée (16-19 %) pendant la vague de variant Omicron par rapport aux autres vagues. Du fait de cette différence, les personnes vivant avec le VIH avaient 142 fois plus de risque de décéder que les personnes séronégatives pendant la vague de variant Omicron.

Les facteurs de risque de décès à l'hôpital qui étaient communs à toutes les vagues de variants de la pandémie étaient une faible numération des CD4 (moins de 200 cellules par m3) et une forme grave ou critique de la COVID-19 lors de l'admission à l'hôpital.

« Le VIH non traité reste un facteur de risque de mauvais résultats et de décès dans le contexte de la flambée de variole simienne et de la pandémie de COVID-19 », a déclaré la Dre Meg Doherty, Directrice des Programmes mondiaux de lutte contre le VIH, l'hépatite et les infections sexuellement transmissibles de l'OMS. « Nous devons tenir compte des considérations liées au VIH dans la préparation et la riposte aux pandémies. Il est essentiel de protéger les personnes vivant avec le VIH contre de futures pandémies, et il est donc d'autant plus nécessaire de garantir l'accès au dépistage et au traitement du VIH et aux vaccins préventifs contre la variole simienne et la COVID-19 pour sauver des vies ; les ripostes menées par les communautés qui fonctionnent dans le contexte du VIH seront également bénéfiques pour faire face aux futures pandémies. »

Optimiser les services de dépistage du VIH grâce à des options de dépistage élargies et à une prestation de services simplifiée

Dans ses nouvelles recommandations sur le dépistage du VIH, l'OMS appelle les pays à élargir l'utilisation de l'autodépistage du VIH et à promouvoir le dépistage par l'intermédiaire des réseaux sexuels et sociaux afin d'accroître la couverture du dépistage et de renforcer l'utilisation des services de prévention et de traitement du VIH dans les contextes où la charge de morbidité est élevée et dans les régions présentant les plus grandes lacunes dans la couverture du dépistage.

Cette recommandation arrive à un moment charnière, où l'auto-prise en charge et l'autodépistage sont de plus en plus reconnus en tant que moyens d'accroître l'accessibilité, l'efficience, l'efficacité et l'acceptabilité des soins de santé pour de nombreuses maladies diverses, y compris le VIH.

Soins de santé primaires et VIH

Un nouveau cadre stratégique sur les soins de santé primaires et le VIH (en anglais) aidera les décideurs à optimiser les travaux et les activités de collaboration en cours pour faire progresser les soins de santé primaires et les interventions de riposte spécifiques à une maladie, notamment le VIH. Dans les Stratégies mondiales du secteur de la santé contre le VIH, l'hépatite virale et les infections sexuellement transmissibles pour la période 2022-2030, il est préconisé de mettre en place des synergies pour la couverture sanitaire universelle et les soins de santé primaires au cours de la deuxième année de mise en oeuvre.

« Il est impossible de mettre fin au sida sans optimiser les possibilités qui existent au sein des systèmes de santé et entre plusieurs systèmes de santé, y compris en coopération avec les communautés et dans le contexte des soins de santé primaires », a déclaré le Dr Jérôme Salomon, Sous-Directeur général de l'OMS chargé de la couverture sanitaire universelle et des maladies transmissibles et non transmissibles.

Ces toutes dernières données de recherche et orientations sont présentées alors même que les progrès visant à éradiquer l'épidémie mondiale de sida stagnent, après la pandémie de COVID-19. Cependant, le retard pris dans les efforts de riposte est en train d'être comblé rapidement, et certains pays tracent maintenant la voie à suivre pour mettre fin au sida (en anglais), notamment l'Australie, le Botswana, l'Eswatini, la République-Unie de Tanzanie, le Rwanda et le Zimbabwe, ainsi que 16 autres pays qui sont sur le point d'atteindre les cibles mondiales 95-95-95, à savoir 95 % des personnes vivant avec le VIH qui connaissent leur statut, 95 % des personnes diagnostiquées qui soient sous traitement antirétroviral et 95 % des personnes sous traitement qui aient une charge virale supprimée.

Note aux rédactions

12ème Conférence scientifique sur le VIH de l'IAS

L'IAS 2023, la 12ème Conférence scientifique sur le VIH de l'IAS, se tiendra à Brisbane du 23 au 26 juillet 2023. Cette conférence biennale présente les avancées cruciales réalisées dans le domaine de la recherche fondamentale, clinique et opérationnelle sur le VIH, qui permettent de transformer les données scientifiques en politiques et pratiques.

Pour de plus amples informations sur la participation de l'OMS à la conférence, veuillez consulter : https://www.who.int/news-room/events/detail/2023/07/23/default-calendar/who-at-ias-conference-2023 (en anglais)

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