Madagascar: Action ou vérité

Les onzièmes Jeux des îles auront lieu dans trente jours. Comme d'habitude on est encore en pleins préparatifs aussi bien au niveau des infrastructures que côté athlètes. Dans la ville il n'y a aucun signe laissant croire que les Jeux des îles se tiendront dans un mois pile. Il y a fort à parier que l'État tiendra une gageure pour nettoyer la ville, refaire toutes les rues dans un chrono record pour arracher la première médaille d'or. Pour le moment la capitale n'a pas la toilette appropriée pour accueillir un tel événement qu'on annonce grandiose. Si au départ on avait tracé des plans sur la comète annonçant des Jeux sans commune mesure avec leurs devanciers, l'ambition s'est effritée au fil du temps comme peau de chagrin.

Les discours sont éminemment optimistes soulignant que tout est déjà prêt, qu'il n'y a aucun souci à se faire, qu'on fera les meilleurs jeux de tous les temps, les réalités sur terrain ont de quoi faire peur. Justement les travaux ont commencé depuis quelques jours dans la plupart des sites Le regroupement final des athlètes a également débuté mais dans des conditions inadéquates pour certaines disciplines. Les athlètes se battront avec le coeur pour l'honneur du pays et la gloire des dirigeants comme ils en ont l'habitude. Le public oubliera également toutes les imperfections et donnera un soutien inconditionnel aux représentants du pays, amour propre oblige.

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On ne se laissera pas faire par les petites îles de la région qui sont déjà loin devant nous en terme de développement pour ne citer que les Seychelles, Maurice et les Maldives dont le PIB par habitant est respectivement de 15.000, 9000 et 10.000 dollars pour un taux d'inflation de 2,7%. 10% et 3,5 % contre un PIB de 500 dollars et un taux d'inflation de 8% pour Madagascar. C'est donc tout à fait normal si on a toutes les peines du monde à financer l'organisation des Jeux. L'État fait face à plusieurs obligations comme le délestage, l'insécurité, le paiement de plusieurs prestataires et agents de l'État, la réparation des routes... En somme il y a d'autres priorités. Il serait injuste d'ignorer toutes ces urgences au profit des Jeux des îles. Et finalement on a revu à la baisse les prévisions de départ avec la réduction du nombre des disciplines, l'abandon de nouvelles constructions d'infrastructures... Du coup certaines disciplines devront se passer du public à l'image de la boxe et du kickboxing isolés à l'amphithéâtre du CCI Ivato devenu une salle passe-partout.

Quand on sait la popularité de ces deux disciplines et la capacité réduite de cet endroit, on se demande où va-t-on mettre le public. Pareil pour le volleyball expédié au gymnase d'Ankatso qui se trouve dans un état qui nécessite de sérieux travaux de réparation. Même le public de la finale du championnat d'Analamanga ne pourra pas entrer dans ce vieux gymnase qui n'a ni vestiaire ni douche. On a peut-être mis une croix sur le public à en juger les choix qui ont été faits. Mais dans la situation où on se trouve, il est impossible de faire autrement. Action ou vérité, ainsi se résume le dilemme.

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