Madagascar: Zones défavorisées - Nouveau terrain des vidéos musicales

Si les clips se tournaient dans des endroits somptueux, les bidonvilles sont désormais dans l'objectif des réalisateurs. Est-ce la crise, ou une stratégie ? Une question qu'on a posé à des affilés à ce métier.

Tous ont répondu, « l'image est plus vive et réaliste ». Porte-voix de la population du ghetto, les cinéastes veulent toucher un grand nombre de la population. Voir sa petite maison sur son petit écran, c'est se sentir considéré par tous. De ce fait, les artistes illustrent davantage le style de vie dans les zones reculées. Diffuser à la télé les habitats de leurs concitoyens est, en réalité, un engagement pour dire que les Malgaches demeurent dans une si petite cabane. Cette manière de voir les choses ne date pas d'aujourd'hui.

Bon nombre de scripts des anciens sont inspirés des artistes sud-africains, qui exhibaient Soweto et Harlem de New-York. Cependant, la majorité des chanteurs malgaches préfèrent prendre des clichés dans de belles villas, pour montrer leur ascension sociale. En effet, les inconditionnels ne considèrent pas l'image reflétée comme une mise en scène, mais croient en toute fierté que leur idole mène une vie de prince.

Le trompe-l'oeil a bel et bien fonctionné. Toutefois, les choses ont complètement changé à présent. Hormis les publicités des hôtels cinq étoiles et les échanges de services effectués entre les gérants et les artistes, louer des appartements de qualité s'avère trop cher pour les artistes en herbe. Alors, ils se contentent de ce qu'ils ont en utilisant les moyens du bord. Dès lors, ils cherchent des lieux assez défavorisés afin de véhiculer leur message poignant, la pauvreté. Sous un autre angle, ces chansonniers racontent implicitement leur itinéraire.

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« Je suis un campagnard », « La vie est dure... Nous devons être patients... Soyons courageux... », « Je suis pauvre... Si tu veux que nous soyons ensemble, il faudrait te battre à mes côtés... N'écoute pas ce que les gens disent », « ma dulcinée m'a remplacé par un riche... Je ne pouvais pas la satisfaire... Le pouvoir de l'argent est plus fort que l'amour », telles sont les paroles chantées dans les clips filmés dans les quartiers périphériques. Effectivement, les pauvres se reconnaîtront à travers les morceaux. Par ailleurs, les grosses pointures s'y mettent également.

Sans make-up, le visage couvert de charbon, comme un acteur américain qui se prépare pour venger la mort de son meilleur ami tombé sous les balles des ennemis en pleine guerre du Viêtnam, vêtus comme des petits saligauds, ils se promènent dans les coins les plus chauds de la Capitale pour dire « Je suis avec vous ! ». Souvent, les habitants se livrent volontairement à la caméra, et suivent les refrains.

Oui, c'est un grand honneur pour eux d'être figurant, « J'ai participé, j'étais là, le voisin me verra quand le clip sera diffusé sur les chaînes de télévision ». En somme, la réalisation des vidéos dans les endroits chics est budgétivore. Dès lors, l'équipe artistique cherche un endroit plus simple. Une autre stratégie pour avoir le coeur du bas peuple en les encourageant à entreprendre, la misère n'est pas une fatalité.

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