Samuel Eto'o n'a pas encore fêté ses deux ans à la tête de la Fédération camerounaise de football qu'il empile déjà les dossiers brûlants à gérer. Depuis une semaine, il est accusé de truquage de matches en collaboration avec son ami et président de Victoria United, Valentine Nkwain. Un scandale duquel la fédé tente de se dépêtrer et qui entre en résonance avec les précédents.
« C'est un fake et pour nous, il n'existe pas », voilà comment la Fécafoot a répondu, fermement, dimanche 23 juillet, par la voix d'Ernest Obama, aux soupçons de truquage de matches auxquels elle fait face. Le porte-parole de la Fédération camerounaise de football a clamé l'innocence de son institution et celle de son président, Samuel Eto'o, sur la chaîne Canal 2. « Il n'y a pas de commentaire à faire là-dessus », a-t-il martelé.
Depuis une semaine, Eto'o et les siens font face à de lourdes accusations après la diffusion de l'enregistrement d'une conversation téléphonique sur les réseaux sociaux. Dans cette dernière, on entend des voix similaires à celles de l'ancien Lion indomptable et l'actuel président de Victoria United, Valentine Nkwain, un club de deuxième division camerounaise. On y entend le premier assurer clairement au second son soutien indéfectible : « Opopo (surnom du club de Victoria) doit monter en première division. Ça, c'est notre objectif ».
« Je suis fatigué. Tu m'as dit à Douala que tu vas m'envoyer les arbitres », se plaint pourtant le supposé Valentine Nkwain. « Je vais radier cet arbitre. Je vais convoquer le président des arbitres », lui rétorque son interlocuteur. Pas de quoi incriminer Eto'o pour corruption, mais largement suffisant pour laisser place à l'interprétation et susciter de lourds soupçons.
Un scandale qui en rappelle d'autres
Cette conversation, supposément datée du mois de janvier, aurait donné le top départ à une série de bons résultats pour le Victoria United. Si bien que le club a été promu en première division au terme de la saison. À noter que Valentine Nkwain a réagi, dès le 20 juillet, assurant ne pas reconnaître l'existence de cette conversation et avoir demandé à ses avocats de travailler à un dépôt de plainte.
Si, dans l'immédiat, le loal hero ne risque pas grand-chose dans son pays, l'histoire fait grand bruit localement. Car le scandale entre en résonance avec des précédentes accusations, parfois venant d'alliés de Samuel Eto'o. Le président de l'Unisport du haut Nkam, Donald Ngamenie, soutien originel d'Eto'o lors de sa candidature en 2022, avait publiquement accusé son président d'avoir choisi plusieurs fois les clubs qui seraient champions du Cameroun.
Une présidence entachée par les affaires
Une histoire de matches truqués devenue d'autant plus bruyante qu'elle intervient quelques jours après des saillies de l'opposition à Samuel Eto'o. Henry Njalla Quan, ancien vice-président démissionnaire de la Fécafoot, a accusé il y a quelques jours l'ex-Barcelonais d'avoir pesé sur le choix d'évincer André Onana du groupe des Lions indomptables pendant la dernière Coupe du monde. D'ailleurs, le même Njalla Quan a assuré publiquement que le président de la Fécafoot et Valentine Nkwain « figurent en bonne place dans la plainte pour corruption aggravée, manipulation de matches (...) déposée auprès des comités d'éthique de la Fifa, de la CAF et de la Fécafoot. »
Aussi, la justice planche encore sur le choix unilatéral d'Eto'o de rompre le contrat de sponsoring avec Coq sportif pour se lier avec One Sport, juste avant la Coupe du monde. Une sanction sous forme d'amende sévère pour la fédération n'est pas impossible dans ce dossier. Enfin, l'ex-attaquant est récemment devenu ambassadeur d'une entreprise de paris sportifs, alors même que les règlements de la Fifa l'interdisent aux présidents d'associations. Le tout après un peu plus d'un an et demi seulement de présidence.