Sénégal: Soixante-douze heures de grève des bus Tata - Les usagers dans le désarroi

25 Juillet 2023

Le Collectif des travailleurs de l'Aftu (Association de financement des professionnels du transport urbain) a entamé une grève de trois jours depuis hier, lundi. Pour cause, les conducteurs et receveurs dudit réseau exigent de meilleures conditions de travail, avec des contrats en bonne et due forme, une revalorisation salariale et une couverture sociale. Ce mouvement d'humeur de ces travailleurs du transport a fortement perturbé le transport dans la capitale sénégalaise, occasionnant le désarroi des usagers.

Au rond-point Sahm, en face de l'Hôpital Abass Ndao, le décor du jour est différent de celui habituel. Nous sommes le lundi 24 juillet 2023, premier jour des 72 heures de grève décrétées par les travailleurs de l'Aftu. Sous la faible pluie, parapluie à la main, Ngoné qui rentre à Mbed Fass, dans la banlieue, ne prendra pas le bus 58 comme elle en avait l'habitude. La trentenaire sera contrainte de trouver un autre moyen de transport pour rentrer chez elle. « C'est compliqué, mais je suis obligée de rentrer chez moi. Soit je me rends à Colobane pour prendre le Ter (Train express régional), soit je prends un clando », déclare-t-elle.

A l'image de Ngoné, beaucoup de Dakarois qui ont l'habitude de se rendre dans la banlieue par l'entremise des bus Tata sont contraints de se rabattre sur d'autres moyens de transport, tels que les « cars rapides », les « Ndiaga-Ndiaye », les « taxis » ou encore les « Tiak-tiak ».

Dans plusieurs autres points de stationnement des bus du réseau Aftu, c'est de fait0 0le calvaire chez les usagers. Il est 16 heures, nous sommes au point de stationnement de la ligne 24, communément appelé « Arrêt 24 ». Sac au dos, sachet à la main, Moussa Gaye qui ignore le motif de la grève de son « réseau de transport préféré », cherche désespérément un moyen de rentrer chez lui à Pikine. « Je ne sais pas ce que réclament les transporteurs, mais leurs revendications doivent être satisfaites pour le bien des usagers », lance le Pikinois. Et celui-ci de continuer : « la majorité des personnes qui se déplacent par bus Tata n'ont pas les moyens de prendre les autres types de transport qui sont plus chers. »

Si certains Dakarois sont très affectés par la grève du « premier réseau de transport » de la Capitale, d'autres ne le sont pas pour autant. Mohamed Seck est un de ces derniers. Trouvé en face de l'Ecole normale supérieure, le jeune commerçant ne s'inquiète guère du comment rentrer chez lui. Mieux, le Keur-massarois n'est pas fan des bus Tata. « Pour être honnête, la grève ne m'a pas affecté. Il y a plusieurs autres moyens de se déplacer », lance-t-il, le sourire aux lèvres.

« ON SOUHAITERAIT QUE LA GREVE PERDURE »

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit l'adage. La décision des travailleurs de l'Aftu de rester trois jours sans travailler fait l'affaire des conducteurs des cars « Ndiaga-Ndiaye ». Comme la situation le montre ici, au rond-point Sahm, les conducteurs de « Ndiaga-Ndiaye » se frottent les mains. Aujourd'hui, leurs véhicules se remplissent plus vite que d'habitude. « Les usagers se plaignent de la grève de nos collègues, mais ça fait honnêtement notre affaire », souligne Oumar, chauffeur de son état. Ce dernier d'ajouter d'un air taquin : « Quand les bus travaillent, les passagers ne nous regardent même pas. On souhaiterait vraiment que la grève perdure. »

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