- Des jeunes conducteurs de moto taxis "Jakarta" de la commune de Sédhiou (sud) luttent au quotidien contre la précarité liée notamment à la rareté de la clientèle, la cherté du prix du carburant, aux contrôles des forces de l'ordre et aux risques d'accident de la circulation, a constaté l'APS.
Des jeunes âgés entre 30 et 35 ans disent s'adonner à ce métier à hauts risques pour assurer la dépense quotidienne de leurs familles. Ils font désormais partie intégrante du décor de la capitale du Pakao. Ces jeunes sont visibles dans plusieurs endroits de la ville, en particulier les points de stationnement communément appelés "arrêts Jakarta".
Mais l'exercice de cette profession n'est pas un fleuve tranquille pour ces jeunes pour la plupart sans profession. Ils ne disposent d'aucune formation en sécurité routière, ce qui les expose à de nombreux accidents mortels, des blessures graves ou des traumatismes psychologiques.
En plus des risques sécuritaires, le travail ne nourrit pas son homme. Exposés quotidiennement aux rayons ardents de soleil, ils parcourent les différentes artères de Sédhiou à la recherche de clients devenus de plus en plus rare. Cette précarité est causée par la prolifération des motos taxis Jakarta, le faible prix du transport, 300 francs CFA la course. La cherté du prix du carburant et les contrôles fréquentes sur la route par les Forces de défense et de sécurité, sont entre autres difficultés auxquelles sont confrontées les conducteurs de moto taxis.
La concurrence déloyale décriée
Trouvé devant le portail de la gare routière de Sédhiou, en tenue de sport, casque noir à la main, Mamadou Diamé, âgé d'une trentaine d'années, avoue que le métier était "rentable" au début, car il n'y avait aucun moyen de transport urbain à Sédhiou hormis les motos taxis Jakarta. »Les conducteurs ont connu une période de vaches grasses. Au début, les choses marchaient bien, au point que ce métier a vite attiré du monde même les jeunes des villages environnants viennent exercer ce métier », a expliqué Diamé.
Aujourd'hui, déplore le conducteur, l'on assiste à la prolifération des motos Jakarta car certains enseignants ou transporteurs et même des personnes issues des autres professions, se sont convertis en conducteurs de motos Jakarta. C'est ce qui explique, selon lui, "le manque d'encadrement des conducteurs des motos taxis Jakarta, entraînant un désordre total au sein de la profession". »Il y a plus de perte que de gain dans ce métier sans avenir", insiste Mamadou Diamé
Boubacar Diamanka, un autre conducteur de Jakarta, déplore aussi une concurrence déloyale des tricycles et motos »particuliers » dont les propriétaires se sont transformés en transporteurs des personnes et des biens. "Une situation qui justifierait la réduction de la rentabilité de nos activités », dit-il.
"Ceux qui sont employés pour conduire des motos appartenant à un propriétaire et obligés de verser quotidiennement 2000 francs CFA, sont dans la vraie galère. Ces derniers n'arrivent plus à assurer ce versement quotidien, au point qu'ils restent toujours en conflit avec leurs patrons", note Diamanka, relevant que la recherche effrénée de clients est à l'origine des nombreux accidents mortels.
Des formations qualifiantes, une aubaine pour les jeunes conducteurs
Le coordonnateur technique du pôle emploi du département de Sédhiou, Ibrahima Massaly, pour sa part, salue le »courage » de ces jeunes conducteurs de motos taxis Jakarta, qualifiant ce métier de "début d'emploi". "Ils se débrouillent pour gagner leur pain, c'est un début d'emploi qu'on ne doit pas sous-estimer", estime M. Massaly.
Il signale que l'Etat a octroyé quatre-vingt-treize (93) bons de formation qualifiantes aux jeunes conducteurs de motos taxis Jakarta à travers le 3FPT (le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique). "C'est une aubaine pour ces jeunes", selon lui.
Le coordonnateur technique a par contre invité les jeunes conducteurs de motos taxis Jakarta à s'investir d'avantage pour avoir un permis de conduire. "C'est aussi un moyen de se lancer dans des domaines d'activités lucratives", a dit Ibrahima Massaly qui a par ailleurs demandé aux jeunes d'aller vers les pôles emplois de leur département pour saisir les »opportunités » en termes d'accompagnement technique et financier.
"Aujourd'hui, au niveau du pôle emploi, des ONG ne cessent de demander des profils pour des emplois salariales. C'est très dommage qu'on ne trouve presque pas des profils demandés et les jeunes ne fréquentent même pas ces structures mises à leur disposition", a-t-il déploré.
Pour le président du conseil communal de la jeunesse de Sédhiou, l'Etat doit travailler à la transformation de ce secteur pourvoyeur d'emplois. "Comme partout ailleurs, beaucoup de jeunes s'investissent dans ce secteur qui n'est pas un métier d'avenir. L'État peut aider les jeunes à en faire un métier d'avenir à travers des formations qualifiantes", a suggéré Amadou Lèye Konté.
Selon lui, "certains jeunes s'adonnent à ce métier parce qu'ils donnent la dépense quotidienne à la maison". Mais le responsable des jeunes ajoute : "Ce que le pôle emploi est en train de faire est insuffisant, il faut redoubler d'efforts dans ce sens-là".
»L'État doit organiser ces jeunes-là dans une entité pour les encadrer, les financer et les former dans l'objectif de créer des conditions favorables leur permettant d'ouvrir des magasins de quincailleries, de pièces détachées, entre autres activités plus garanties", a-t-il plaidé.