Le 25 juillet marque la fête de la République, qui a mis fin à la monarchie beylicale et au protectorat français en 1957 en Tunisie. Mais ce jour férié est aussi désormais l'anniversaire du coup de force constitutionnel du président Kaïs Saïed en 2021. Son nouveau régime ne passe pas auprès des opposants politiques, qui ont manifesté à Tunis en rangs dispersés mardi. Beaucoup dénoncent le mauvais bilan économique de son gouvernement et la régression des droits et libertés depuis qu'il monopolise les pouvoirs, dans un contexte de crise migratoire et économique.
Sous un soleil de plomb, avec des températures avoisinant les 50°C, près de 200 militants de la coalition d'opposition, le Front de salut national, se sont rassemblés sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis. Entre les chapeaux de paille et les parapluies pour s'abriter du soleil, on pouvait entendre des slogans tels que « Le peuple a faim et le président nous a vendus à l'Italie », en référence à des accords passés récemment avec l'Union européenne pour lutter contre la migration irrégulière.
La majorité réclame aussi la libération de la vingtaine d'opposants politiques emprisonnés depuis six mois. Juste à côté, lors d'une conférence de presse, le Mouvement du 25 juillet, coalition de soutiens au président de la République, a tenu à défendre le bilan du gouvernement et les changements politiques amorcés par Kaïs Saïed.
Plus loin, près du siège du gouvernement, l'opposante Abir Moussi et son parti anti-islamiste, le Parti destourien libre (PDL), criait à ses militants de continuer à se battre contre ce qu'elle qualifie de « processus politique illégitime ».
La société civile s'est réunie dans un hôtel pour dénoncer les atteintes récurrentes faites aux libertés, et plus particulièrement le sort réservé aux migrants subsahariens qui ont été victimes de violences et d'expulsions de leur domicile dans l'est et dans le sud du pays ce mois-ci.
L'Union européenne a choisi de ne rien dire sur la dérive autoritaire de Kaïs Saïed. Malheureusement, la société civile tunisienne et ceux qui essaient de résister à la dérive autocratique du régime ne peuvent pas compter sur les Européens...
02:43 Sophie Bessis: « L'Union européenne a choisi de ne rien dire sur la dérive autoritaire de Kaïs Saïed »