Le pays a ouvert ses portes aux mercenaires de Wagner en 2018. Cinq ans après, le bilan de ce partenariat est mitigé.
Peu après son élection en 2016, le président Faustin Archange Touadera s'est tourné vers la Russie, obtenant une protection de la part du Kremlin.
Cinq ans plus tard, le gouvernement centrafricain se félicite de l'appui de la Russie. Fidel Gouandjila ministre conseiller spécial du président Touadera.
"C'est un bilan éloquent, un bilan positif parce qu'il y a cinq ans la RCA était considéré comme un lieu le plus dangereux au monde. Aujourd'hui, la République Centrafricaine est fréquentable et nous avons évité une guerre fratricide en 2020-2021", estime-t-il. "Guerre provoquée par le général Bozizé et grâce à cet accord de défense entre la première puissance nucléaire militaire au monde qu'est la fédération de Russie et la République Centrafricaine nous avons pu sauver notre démocratie grâce aux soldats russes mis à notre disposition par rapport à cet accord".
Un pays pillé ?
Ce constat contraste bien avec les différents rapports d'ONG qui mettent en avant les crimes de guerre et le pillage des ressources du pays. Au sein de la classe politique, le réquisitoire est sévère : un pillage sans cesse des ressources selon l'ancien Premier ministre et député Martin Ziguélé.
"Le constat c'est qu'il y a un pillage. Ce groupe Wagner s'ingère dans le domaine économique mais dans une économie criminelle. Parce que cette société exploite des mines d'or, telle que celle de Ndassima, sans payer un centime, ni à l'Etat, ni aux collectivités locales", tranche l'ancien chef du gouvernement. "Ils sont dans le bois, ils sélectionnent les bois rouges et laissent le reste pourrir et ils ne payent aucune taxe ni superficielle, ni d'abattage, ni aux communautés locales non. Ils sont dans les boissons et on ne sait pas dans quelle condition chimique et hygiénique et là non plus, ils ne payent pas de taxe à l'Etat. Nonobstant ce que l'Etat met à leur disposition selon l'aveu même des autorités."
Une armée sous tutelle russe
La société civile reconnait pour sa part qu'il y a des acquis dans cette coopération mais elle déplore la caporalisation de l'armée. Ben Wilson Ngassan porte-parole du G16.
"En 2018 lorsque les instructeurs russes étaient déployés dans le pays, c'était pour apporter une formation aux forces armées centrafricaines. Arrivés à Bangui les instructeurs russes se sont transformés en combattant. Aujourd'hui l'armée centrafricaine est sous tutelle de l'armée russe. Dans le haut commandement militaire, les principales taches ne sont pas confiées aux officiers centrafricains mais aux instructeurs russes. Mais il faut reconnaitre quand même avec lucidité quelque chose hein avec le déploiement des Wagner, les attaques militaires ont baissé d'un cran."
Dans un rapport publié en juin dernier, l'ONG The Sentry expliquait comment Wagner a pu faire son entrée dans le pays en 2018, jusqu'à prendre le quasi contrôle des forces de sécurité centrafricaines et surtout faire main basse sur les ressources naturelles du pays en échange de services de protection.
En cinq ans de présence, la Russie n'a pas éradiqué les groupes armés et les foyers de tension demeurent un peu partout dans le pays.