Le ministre d'État et conseiller chargé des affaires présidentielles, Abakar Adoum Manany, a été limogé lundi 24 juillet, alors que des rumeurs persistantes couraient depuis plusieurs semaines. Un décret de limogeage, signé du président de transition, est tombé alors que le ministre, qui était absent du pays depuis avril, venait à peine de regagner Ndjamena. Une décision qui a pris tout le monde de court.
Tout est allé très vite pour Abakar Manany. Il a eu à peine le temps d'atterrir à l'aéroport international de Ndjamena lundi 24 juillet, en début d'après-midi et sous les vivats de nombreux soutiens, puis de rentrer à sa résidence, avant d'être brutalement limogé de son poste moins de trois heures plus tard, sans aucune explication.
Aucun responsable tchadien n'a voulu s'exprimer officiellement sur cette affaire jusqu'ici. Mais plusieurs sources assurent qu'il y aurait plusieurs hypothèses pour expliquer sa disgrâce.
Certaines rappellent qu'Abakar Manany, homme d'affaires avisé et d'une intelligence aiguisée selon ces sources, avait obtenu du président de transition une promotion en mars 2023. Mahamat Idriss Deby l'avait alors nommé ministre d'État et conseiller chargé des affaires présidentielles, avant de l'envoyer dans les pays du Golfe, où il se targuait d'avoir un carnet d'adresses bien fourni. Sa mission consistait à « mobiliser des financements ».
Plus de trois mois plus tard, « le président de transition a vu rouge après avoir constaté qu'il avait plutôt oeuvré pour ses propres intérêts », assurent des sources haut placées. Il est pour l'heure impossible de joindre l'ex-ministre pour qu'il donne sa version des faits. D'autres sources ont évoqué, sans beaucoup de certitudes, « des ambitions présidentielles » qui auraient déplus à Mahamat Idriss Deby.
Au final, Abakar Manany n'a pas fait long feu à Ndjamena. Il a pris un avion mardi 26 juillet pour la France, après avoir rendu ses passeports diplomatiques. « Normal, s'il n'a plus de fonctions officielles », précise une de nos sources, sans trop convaincre.