Madagascar: PBZT - Zoo en danger

Si le Parc Botanique de Tsimbazaza avait été créé par le Gouverneur Général Marcel Olivier, le 29 août 1925, sa partie zoologique viendra dix ans plus tard, le 18 juillet 1935, par décision du Gouverneur Général Léon Cayla.

L'Express de Madagascar (20 juillet 2023) signalait la mort de plusieurs pensionnaires du zoo de Tsimbazaza. Ce n'est malheureusement pas la première fois. En 1940, les archives avaient retenu la mort du lambo (Potamochaerus larvatus) affectueusement surnommé «Émile». En octobre 2022, on y avait également déploré huit cas mortels de tuberculose chez les lémuriens, à la suite d'une transmission par les humains.

La tortue géante longtemps visible à Tsimbazaza avait été importée des Seychelles, comme le furent également les daims, kangourous, autruches (issues d'un élevage dans le Sud) et autres chameaux. Un zoo malgache remplit le minimum syndical avec des animaux bien de chez nous : Lambo (Potamochaerus larvatus) Ankoay (Haliaetus vociferoides), Fosa (Cryptoprocta ferox), Trandraka (Hemicentetes semispinosus), Fody (Foudia madagascariensis), Sokatra (Astrochelys radiata).

Mais, les vrais stars demeurent les lémuriens, dont le parc avait pu abriter vingt-et-une des trente-cinq espèces ou sous-espèces de lémuriens qui vivent à Madagascar : Lemur catta, Lemur macaco, Propithecus diadema, Microcebus, Daubentonia (aye-aye), Lemur varius, Lemur mongoz, Hapalemur griseus, Lepilemur mustelinus... Pour le crocodile, dont on ne sait toujours pas pourquoi il est tantôt «mamba» tantôt «voay», le meilleur spectacle (il s'agit bel et bien d'une mise en scène des animaux) demeure celui offert par Croc Farm, près de l'aéroport d'Ivato.

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Il y a quelques années, Futura Planète nous renseignait qu'une tortue étoilée de Madagascar, appelée Tu'i Malila, détenait le record de longévité avec 190 ans. Cette tortue mâle, offerte par le capitaine Cook à la dynastie des îles Tonga en 1777, mourut le 16 mai 1965 au zoo de Francfort. Endémique du Grand Sud de Madagascar, «sur une bande de terre d'environ 200 km entre Amboasary et Morombe», la tortue radiata, dont l'habitat disparaît inexorablement par la faute des activités humaines, est une espèce protégée «en danger critique d'extinction», interdite à la vente.

Pourtant, sur Internet, les offres s'affichent publiquement, au vu et au su de l'UICN (union internationale pour la conservation de la nature) : prix, disponibilité en stock, mode d'emploi. On a encore en mémoire les images atroces des radiata d'Ejeda, affreusement mutilées avant leur exportation clandestine, en novembre 2020. Si la tortue radiata est capable de pondre trois fois par an, elle doit attendre 13 à 16 ans pour sa maturité sexuelle. Treize à seize ans dont chaque jour l'expose à la dangereuse rencontre avec un braconnier rétif à autre chose que la chasse, la pêche et la cueillette.

Vu le traitement qu'on lui réserve à Madagascar, heureusement que la tortue radiata a été introduite sur l'île de La Réunion, département français à la gestion de la faune et de la flore plus sérieuse (déclaration à la DAAF, identification par puce électronique), où l'on dénombrerait 50.000 individus. Au zoo de Francfort, comme dans de nombreux autres zoos de par le monde, vivent «nos» tortues ainsi que makis, indris et hapalemurs. Si ces animaux endémiques de la Grande île venaient à disparaître ici, au moins ils survivront pour une Humanité, ailleurs plus bienveillante.

La place des animaux sauvages n'est certainement pas dans la vitrine d'un zoo. Les animaux en cage constituent à la fois acte d'accusation, interpellation et appel à prise de conscience : la vie en captivité de ces espèces endémiques deviendra malheureusement la norme pour la faune sauvage si l'humain ne réfrénait pas sa pression sur leur habitat et leur nourriture.

Nombre de leurs prédécesseurs (lémuriens géants, hippopotames nains, l'Aepyornis et son oeuf de dix litres) n'existent déjà plus qu'à l'état de squelette ou de fossile, visibles au musée de paléontologie de Tsimbazaza. Le 13 décembre 1936 était fondée la «Société des Amis du Zoo», entre démarche scientifique et bénévolat philanthropique. Des «Amis du zoo» pourraient peut-être venir en aide aux autorités de tutelle pour éviter que le zoo de Tsimbazaza ne figure pas régulièrement à la rubrique nécrologique.

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