Dakar — Le ministre, porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, a invité, mardi, les acteurs de la société à opposer »un contre-récit » à l'émigration irrégulière pour faire comprendre qu'il est possible de »gagner décemment » sa vie au Sénégal.
"Nous avons tous, acteurs politiques, société civile, Ong, médias, la responsabilité de rendre hégémonique un contre-récit qui puisse faire en sorte que l'on puisse savoir que c'est possible de gagner décemment sa vie » au Sénégal, a-t-il dit lors d'une rencontre avec la presse.
Une pirogue transportant des candidats à l'émigration irrégulière a chaviré, dans la nuit de dimanche à lundi, au large de Dakar, faisant 16 morts.
Le porte-parole du gouvernement a estimé qu'une personne qui peut dépenser des millions, pour aller à l'émigration a de quoi commencer une activité décente et rentable au Sénégal.
"Certaines sommes dépensées pour un voyage aussi risqué peut permettre de travailler et d'avoir une vie décente ici (au Sénégal). La vie n'est facile nulle part. Les enquêtes ont montré que les sommes dépensées sont entre 400 mille et 700 mille francs, c'est le montant qu'on paie. C'est quasiment un mois de salaire", a déclaré M. Fofana.
Concernant les causes de ce phénomène, qui sont à la fois économiques et sociologiques, le ministre porte-parole du gouvernement a estimé qu'elles doivent interpeller tous les acteurs du pays.
"C'est vrai qu'il y a des causes économiques mais nous avons aussi des causes sociologiques à prendre en compte, qui sont liées à un Eldorado fantasmé du fait des images renvoyées par nous-mêmes, certains médias », a-t-il déploré.
Dans le cadre de la lutte contre l'émigration irrégulière, l'action de l'État s'est déployée au plan de la coopération et du partenariat avec la signature de convention avec les pays d'accueil, a relevé Abdou Karim Fofana.
"Au plan opérationnel, les forces de défense et sécurité sont engagées pour sécuriser les frontières. On note une baisse des départs et des pirogues qui sont mobilisées pour cela. Au plan juridique, les textes ont été renforcés au plan stratégique, il y a une coordination (...) entre les différents services de l'Etat", a-t-il indiqué.
C'est dans ce sens que "la division nationale contre le trafic illicite de migrants et pratiques assimilées, a depuis le début de l'année, interpellé 530 personnes, déféré 47 convoyeurs et saisi 9 pirogues et 5 moteurs", a ajouté M. Fofana.
De même, la gendarmerie nationale "a interpellé au cours de ce premier semestre 195 candidats à l'émigration irrégulière dont 173 Sénégalais, 22 étrangers et 27 convoyeurs entre Soumbédioune, Yoff, Warang, Joal, Mbour Saly, point sarène, Diouloulou, Pikine, a-t-il souligné.
Il a annoncé d'ailleurs que 478 migrants sénégalais secourus par la marine royale marocaine entre le 9 et le 22 juillet 2023 seront rapatriés vendredi et dimanche prochains.
La ministre en charge des Sénégalais de l'extérieur, Annette Seck, s'est rendue mardi au centre hospitalier de Dakhla pour s'enquérir de l'état de santé de migrants sénégalais placés en observation dans cette structure sanitaire après avoir été secourus en mer par la marine royale marocaine, a constaté l'envoyé spécial de l'APS.
Après avoir foulé le sol de la plus grande ville de la région d'Oued Eddahab, dans le Sahara marocain, où elle est arrivée peu après 10h 30, à bord d'un avion de l'armée sénégalaise, la ministre chargée des Sénégalais de l'extérieur est allée au chevet de la vingtaine de compatriotes soignés dans ce centre hospitalier.
Elle a notamment échangé avec la quasi-totalité des patients placés en observation après que leurs embarcations ont échoué sur les côtes marocaines ou secourus par la marine royale. Sur place, les candidats à l'émigration victimes dans leur majorité de brûlures à différentes parties de leurs corps ont salué le soutien et la prise en charge des autorités sanitaires marocaines.
"Je voudrais au nom du peuple sénégalais saluer sa majesté le Roi Mohamed VI et à travers lui tout le peuple marocain pour d'abord la chaleur de l'accueil et surtout pour l'accompagnement, la collaboration dans des moment aussi difficiles que ceux-là", a déclaré à des journalistes Annette Seck à l'issue de la visite.
Elle a fait savoir que près de 700 sénégalais ont été secourus entre juin et maintenant en mer à bord d'embarcations de fortune par la marine royale marocaine.
"Les Sénégalais candidats à l'émigration irrégulière qui ont été secourus par la marine royale marocaine entre 9 et le 22 juillet 2023 et logés dans des centres d'accueil et d'hébergement dans la région Dakhla-Oued Eddahab vont rentrer au bercail ce week-end", annoncent dans un communiqué les services du ministre auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Sénégalais de l'extérieur.
Dans une note d'information parvenue à l'APS, ils précisent que ce rapatriement s'effectuera en deux vagues. »Le premier [groupe] quittera le Maroc vendredi 28 juillet 2023 et le deuxième dimanche 30 juillet 2023 », informe-t-elle.
Elle souligne que »les femmes, les enfants mineurs, les malades et les blessés, actuellement hospitalisés à l'hôpital régional de Dakhla, rentreront par voie aérienne en compagnie de Madame Anette Seck NDIAYE, Ministre des Sénégalais de l'extérieur qui se rend aujourd'hui à Dakhla sur instruction du Chef de l'État ».
Les services d'Anette Seck Ndiaye précisent que « les 124 compatriotes qui avaient quitté Abéné -Kafountine, le 24 juin 2023, font partie des [personnes] à rapatrier ce week-end ».
Les pirogues secourues par la marine royale marocaine dans la période du 9 au 22 juillet 2023 proviennent de Rufisque, Abéné- Kafountine, Kayar, Mbour, Joal.