En dépit de l'annonce par le gouvernement congolais, de sa présence à Kinshasa à l'occasion de la tenue, du 28 juillet au 06 août 2023, des IXèmes de la Francophonie, la Secrétaire Générale de cette organisation, la Rwandaise Louise Mushikiwabo, ne fera pas le déplacement de la capitale congolaise. Elle y sera représentée par l'Administratrice de l'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie, Caroline St-Hilaire.
A en croire sa porte-parole, Oria Vande Weghe, Louise Mushikiwabo attendait des autorités congolaises une «invitation écrite» avant de bouger de Paris, siège de la Francophonie. Cette formalité diplomatique n'ayant pas été accomplie, elle estime que sa présence à Kinshasa ne serait pas appréciée. Selon des sources proches du gouvernement congolais, la charge de la distribution des «invitations»ne leur incombait pas ; pour la bonne et simple raison que c'est l'OIF qui est l'organisatrice attitrée de ses manifestations, le pays hôte ne faisant que l'accompagner. Par conséquent, Mushikiwabo ne devrait s'en prendre qu'à elle-même.
Soulagement au sein de l'opinion publique congolaise
Alors que l'absence de Louise Mushikiwabo à Kinshasa est de nature à embarrasser le ministère congolais des Affaires Etrangères, que l'on dit n'avoir adressé d'invitations officielles ni à la Secrétaire Générale, ni aux Etats membres de l'Organisation Internationale de la Francophonie, elle est plutôt chaleureusement accueillie au sein de l'opinion congolaise. Celle-ci se réjouit de n'avoir pas à souffrir de la « proximité temporaire », avec des officiels congolais, d'une personnalité dont le pays traine la triste réputation d'être au coeur de la guerre d'agression que subit la RDC dans sa partie Est, sous couvert du mouvement terroriste M23.
Dans l'imagerie populaire congolaise comme au sein de la classe dirigeante, la pilule amère de l'occupation, depuis plus d'une année, d'une partie du territoire national, sur fond des pillages de ses ressources naturelles par le Rwanda, est difficile voire impossible à avaler. La présence de Louise Mushikiwabo aux premières loges des invités d'honneur, à l'ouverture comme à la clôture des IXèmes Jeux de la Francophonie, allait être perçue comme une insulte aux millions de morts causés par les velléités bellicistes du régime de Kigali sur le territoire congolais, depuis près de trois décennies.
Par ailleurs, le passé de Louise Mushikiwabo comme ancienne ministre rwandaise des Affaires Etrangères, spécialiste des piques frustrantes contre les Congolais dans leur quête de la paix dans la partie Est de leur pays, continuellement troublée par des rébellions instrumentalisées par le Rwanda, n'était pas pour plaider en faveur de sa participation physique aux cérémonies protocolaires des IXèmes de la Francophonie. En somme, le forfait de Louise Mushikiwabo est considéré par l'homme de la rue à Kinshasa comme un non-événement et un bon débarras.