Sénégal: Des personnes vivant avec un handicap réclament l'application effective de la loi d'orientation sociale

Dakar — Des personnes vivant avec un handicap, réunies au sein d'un comité d'initiative, exigent l'application de la loi d'orientation sociale votée en 2010 par l'Assemblée nationale pour "garantir l'égalité des chances des personnes handicapées, ainsi que la promotion et la protection de leur droit contre toute forme de discrimination".

Venue de l'Institut national d'éducation et de formation des jeunes aveugles (INEFJA) de Thiès (ouest), une délégation du comité a plaidé pour une meilleure considération des droits des personnes vivant avec un handicap, mercredi, lors d'une visite à l'APS.

"Depuis 2010, seuls deux décrets d'application concernant cette loi ont été signés et ces deux points ne sont même pas appliqués convenablement", a martelé Abdou Sagne, membre du comité d'initiative pour l'application de la loi d'orientation sociale pour les personnes handicapées.

"Les décrets les plus importants, qui pouvaient positivement changer notre vie en prenant en compte toutes nos difficultés, n'ont pas été signés", a-t-il déclaré.

La loi d'orientation sociale 2010-15 du 6 juillet 2010, relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées, prend en compte toutes leurs doléances liées essentiellement à la santé, à l'éducation, à la formation, à l'emploi, à l'insertion, à l'environnement et même au sport.

Le 26 mai 2010, l'Assemblée nationale sénégalaise adoptait cette loi visant à "garantir" l'égalité des chances des personnes handicapées, ainsi que la "promotion" et la "protection" de leur droit contre toute forme de discrimination.

Si le texte a été promulgué le 6 juillet de la même année, son application n'est toujours pas effective, regrette le comité.

"Nous exigeons la signature de tous les décrets d'application de cette loi en vue de la satisfaction de toutes nos revendications", a insisté Abdou Sagne, rappelant : "Nous avons eu recours à de nombreuses initiatives allant de la sensibilisation à l'organisation de marches par le biais des associations de personnes vivant avec un handicap."

"Nous devons être considérés comme tout autre citoyen"

M. Sagne déclare que malgré toutes ces actions, aucune initiative n'a été menée par les autorités pour satisfaire les revendications des personnes vivant avec un handicap.

"Depuis 1960, aucune mesure concrète n'a été appliquée par les gouvernements qui se sont succédé pour prendre à bras-le-corps nos problèmes", a-t-il déploré.

Il condamne l'attitude des défenseurs des droits de l'homme qui, selon lui, ne parlent presque jamais des questions liées à leur statut.

"Il y a beaucoup de personnes en situation de handicap diplômées et sans emploi. Pourtant, dans cette loi d'orientation, il est stipulé que, chaque année, 15 % de cette tranche de la société doivent être recrutés dans la fonction publique, ce qui n'a jamais été appliqué", a fustigé Abdou Sagne.

Dominique Diatta, non-voyant et étudiant en droit à l'université d'Aix-en-Provence (France), exhorte les autorités sénégalaises à "prendre en charge cette question de la loi d'orientation sociale".

Elle "concerne" l'avenir des personnes vivant avec un handicap, rappelle-t-il.

"Nous devons être considérés comme tout autre citoyen. C'est la loi d'orientation sociale qui peut nous aider à vivre dignement en prenant en compte nos droits", a souligné M. Diatta.

Le 3 décembre de chaque année, proclamé Journée internationale des personnes en situation de handicap, la question est soulevée, selon l'étudiant en droit.

"Nous menons des actions avec les associations de personnes vivant avec un handicap et faisons un plaidoyer en faveur de cette loi d'orientation devant les autorités. Mais, il n'y a jamais de suite. Souvent, peu de solutions sont trouvées aux problèmes qui existent", a-t-il dit.

Dominique Diatta considère que "cette loi d'orientation sociale peut faire le bonheur des personnes vivant avec un handicap" et constitue de ce fait un vrai besoin.

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