Mali: Un crash, des familles dans l'attente

Avion d'Air Algérie bloqué à Bruxelles
26 Juillet 2023

Le crash du vol AH 5017 d'Air Algérie, survenu le 24 juillet 2014 dans la région de Gossi au Mali, a bouleversé à jamais des vies. L'avion, qui avait quitté Ouagadougou pour Alger, s'était écrasé, 32 minutes après son décollage. Ce jour sombre restera à jamais gravé dans la mémoire des proches des 116 passagers de diverses nationalités, décédés dans le drame. Neuf ans après, les responsabilités n'ont toujours pas été situées dans cette affaire.

Alors que les parents des victimes, inconsolables, attendent impatiemment. Même si les familles éplorées vivent, malgré le poids du chagrin, elles ne se remettront jamais du vide occasionné par la perte des siens. Regroupées au sein de l'association des familles des victimes du crash du vol AH 5017 d'Air Algérie (AFAVIC) et dirigée par Me Halidou Ouédraogo, les familles des victimes burkinabè ont célébré l'an 9 du crash du vol AH 5017 d'Air Algérie, le lundi 24 juillet 2023, dans la douleur et l'expectative. Les questions fusent toujours dans les têtes des proches des victimes, qui veulent savoir le fin mot de cette tragédie. «Les familles réclament justice (...).

Les causes sont méconnues. Est-ce une panne technique, une négligence ? », s'est interrogé, Me Ouédraogo, qui a par ailleurs regretté le fait que certains corps n'aient pas été retrouvés. Vent debout, les familles des victimes burkinabè veulent maintenir la pression jusqu'à ce que justice soit rendue. Tout comme les familles affectées des autres pays, elles sont dans leur droit de raviver les souvenirs, pour que ce dossier ne tombe pas dans l'oubli. On se rappelle, que le rapport final du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile française (BEA) avait été présenté en avril 2016 à Bamako.

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Le document avait confirmé les résultats préliminaires de l'enquête à savoir : l'accident était principalement lié à la non-activation par les pilotes du système d'antigivre des moteurs. Cette situation, selon les enquêteurs, avait entraîné le décrochage de l'avion, puisque la poussée des moteurs n'était pas assez suffisante pour le maintenir à une vitesse de croisière. « Les capteurs de pression des moteurs ont été obstrués, vraisemblablement par des cristaux de glace et les systèmes d'antigivrage n'ont pas été activés par l'équipage », avait confié le ministère malien des Transports d'alors, Mamadou Hachim Koumaré. Depuis lors, les lignes n'ont plus bougé.

La compagnie aérienne espagnole, Swiftair, qui avait loué l'aéronef avec l'équipage, à Air Algérie, est pointée du doigt par les avocats des victimes. Mise en examen en 2017 à la suite d'«importants »manquements constatés dans la formation de ses pilotes, cette société n'a de cesse de nier toute responsabilité dans le crash. Swiftair devait être pourtant jugé pour « homicides involontaires » en octobre 2023 devant la 31e Chambre correctionnelle du Parquet de Paris, mais le procès a été ajourné, selon plusieurs médias français.

Ce blocage s'explique par la tenue, le 8 juin dernier, d'une audience préliminaire, au cours de laquelle, les conseils de Swiftair ont avancé qu'un non-lieu avait déjà été accordé à la compagnie par la justice espagnole. Le débat se mène désormais sur l'autorité de la chose jugée. Un point de l'avancement du dossier, à en croire les médias français, sera fait, début octobre prochain, au Palais de justice de Paris. En attendant ce rendez-vous qui permet d'éclairer les lanternes, l'ajournement du procès constitue un coup de poignard pour les familles des victimes. Cette nouvelle en rajoute à la frustration et à la douleur de celles-ci, qui espèrent que les responsabilités seront définitivement situées dans cette affaire.

La mort des 116 passagers ne saurait passée par perte et profits. S'il y a un ou des coupables, la justice française doit les démasquer et prononcer les sanctions qui vont avec. Dans toute oeuvre humaine, les erreurs se payent d'une manière ou d'une autre. Cette réalité est d'autant plus valable dans le domaine de l'aviation, où chaque crash permet de tirer des enseignements pour de meilleures pratiques. Il ne faut, en aucun cas, badiner avec des manquements à même d'occasionner des pertes en vies humaines. Surtout pas dans le secteur de l'aérien !

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