Madagascar: Harijaona Ramanantsoa - « Il faut redévelopper la race du chien Coton de Tuléar »

interview

Des éminents chercheurs spécialistes en race canine, étrangers et malgaches ont effectué des transferts de compétences pour redynamiser et redévelopper la race du Coton de Tuléar.

Ce chien qui a accompagné les premiers habitants du Sud de la Grande île depuis l'époque des Européens. Harijaona Ramanantsoa, président d'honneur de l'ACYM, livre des explications quant au projet et aux enjeux pour revaloriser cette race nationale de canin.

Pouvez-vous nous parler de ce projet ?

Il s'agit d'un projet de redéveloppement du Coton de Tuléar initié par Harijaona Ramanantsoa, actuellement président d'honneur de l'ACYM en partenariat avec une chercheuse, Donna Kurtz de l'Université d'Oxford et du Professeur vétérinaire, Alain Fontbonne de l'Ecole Nationale Vétérinaire d'Alfort à Paris et soutenu par Rivo Andriamanalina, directeur général du groupe ArbioChem.

Mais pourquoi redévelopper cette race ?

Il s'avère que le Coton de Tuléar que nous rencontrons généralement à Madagascar ne représente plus le standard du Coton de Tuléar défini par la Fédération Cynologique Internationale (la FCI) d'autant plus que Madagascar à travers l'ACYM vient d'être reconnu par la FCI en étant un partenaire sous contrat.

Comment déterminer qu'un chien qui présente les caractéristiques d'un Coton de Tuléar n'en est pas un ?

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Peut-être par le biais de la consanguinité, par le métissage avec d'autres races de petite taille, une grande partie que nous appelons Coton de Tuléar (CdT) ne ressemble plus à un CdT. Vous savez maintenant sur les réseaux sociaux, il y a des gens qui parlent de CdT type nain par exemple, l'on se demande où avaient-ils bien pu trouver cela.

Quel est pour vous l'intérêt de redévelopper la race ?

La raison majeure est que le CdT est la seule race nationale au même titre que le zébu. Ensuite, du temps où j'étais président de l'ACYM, je dirigeais une association où l'objectif sinon même sa mission est de promouvoir les chiens de race mais surtout de conserver les races dans leurs caractéristiques et les faire progresser dans leurs caractéristiques, d'où la gestion du Livre des Origines Malgaches (LOM) que le ministère de l'Élevage lui a confié en 2003.

Comment allez-vous vous y prendre techniquement ?

De deux manières : soit par l'importation directe soit par l'insémination artificielle. Pour la première, ça coûte cher surtout qu'on recommande de faire venir des chiens avec pedigree. Par contre, il a cet avantage de nous faire progresser rapidement dans le projet. La seconde manière de s'y prendre, c'est qu'il existe en Europe et dans les pays développés des banques de sperme où les passionnés conservent les semences de leurs lignées pour faire perdurer la qualité, le standard etc., et donc pour ce faire, nous avons fait appel à un technicien de très haut niveau de renommée internationale, le Professeur Fontbonne pour former les techniciens malgaches à l'insémination artificielle. Le Professeur Fontbonne a proposé une formation axée surtout sur l'insémination artificielle avec de la semence congelée. Nous avons choisi la clinique vétérinaire VETCARE, la seule certifiée ISO 9001 pour cette formation.

Justement, comment avez-vous fait pour faire venir un tel technicien ?

Le contact a été facilité par le président de la Société Centrale Canine de France, le Dr Balzer. Pendant presque toute une année, la technologie aidant, nous avons pu discuter par visioconférence sur l'environnement canin malgache, le projet et surtout le type de transfert de connaissances que le Professeur pourrait nous proposer dans son programme de formation à savoir le Professeur Donna Kurzt, Mr Rivo Andriamanalina, directeur général du groupe Arbiochem et de son épouse Isabelle, la DG de Vetcare ainsi que Le Professeur Fontbonne et moi-même.

Le Professeur était venu il y a maintenant presque 2 mois. Les vétérinaires ont été formés aux aspects spécifiques qui sont essentiels pour obtenir de bons résultats lors de la réalisation d'inséminations artificielles avec de la semence congelée. Chez les chiennes, ils ont appris l'ovulation par les frottis vaginaux et des dosages de progestérone (un analyseur a été fourni par le laboratoire français Virbac corp), et à analyser des inséminations intra utérines en utilisant le cathéter métallique norvégien inventé dans les années 80 par le Pr Andersen en Norvège. Chez les mâles, ils ont appris à collecter les semences, à contrôler la qualité des spermatozoïdes, à les diluer et les congeler.

Maintenant que la formation est faite, quelle est la suite ?

L'équipe espère que son engagement personnel en faveur de l'amélioration des lignées à l'aide de l'insémination artificielle attirera un soutien financier pour le transfert de connaissances et le renforcement de capacités à Madagascar et dans le monde entier en matière de santé canine . Nous espérons également que les éleveurs du monde entier offriront du sperme congelé provenant de leurs chiens de pedigree préalablement testés et fourniront de jeunes femelles pour ce programme d'élevage de haut niveau. Je suis persuadé que leur générosité sera reconnue par le Gouvernement malgache et enregistrée par l'ACYM.

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