Burkina Faso: Forum des médias en langues nationales - Relever le défi de la lutte contre le terrorisme

26 Juillet 2023

Le ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme tient, les 26 et 27 juillet 2023 à Tenkodogo, dans la région du Centre-Est, le deuxième forum des médias en langues nationales.

Les journalistes en langues nationales doivent être de bons relais de régulation de l'espace public. Telle est la conviction du Pr Serges Théophile Balima, qui a donné la communication introductive à la deuxième édition du forum des médias en langues nationales, tenue les 26 et 27 juillet 2023 à Tenkodogo, dans la région du Centre-Est sur le thème : « Contribution des langues nationales dans les médias face aux défis de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent ». Pour lui, l'avènement du terrorisme depuis plus de sept ans marque une nouvelle phase de l'évolution des médias en langues nationales. « C'est le temps de l'interpellation de nos populations dans leur diversité et leur majorité. Il est urgent d'utiliser les langues nationales pour faire comprendre au public non francophone la gravité de la situation et l'urgence de la prise de conscience collective », a-t-il affirmé. « Le dire en français ne suffit plus à galvaniser le peuple dans sa diversité linguistique », a soutenu le communicateur.

Sa conviction est faite qu'il faut donner de nouvelles dimensions aux contenus des informations présentées en langues nationales. « Traduire les faits d'actualité ne suffit plus. Il faut aller plus loin car le contexte a changé et les dangers pour notre pays sont réels », a insisté Pr Balima. D'après lui, c'est en parlant aux populations dans leur propre langue que l'on peut gagner la guerre. Selon le communicateur, les journalistes en langues nationales sont écoutés par un public plus vaste que ceux en langue française. Cette position dans un contexte de guerre, a-t-il poursuivi, nécessite que chaque journaliste prenne conscience que le pays est véritablement en guerre contre ceux qui ont recours à la violence pour détruire la société burkinabè et son vivre- ensemble. « Si nous sommes en guerre, le traitement de l'information doit privilégier la survie de la population et des institutions de notre pays », a conseillé Serges Théophile Balima.

Du journalisme en période de crise

Pour lui, il y a un journalisme en période de crise et un autre en temps de paix. En période de crise, a-t-il expliqué, le journaliste doit faire un tri entre ce qu'il doit dire ou écrire et s'abstenir de faire la propagande de l'ennemi. En revanche, il ne peut s'abstenir, a-t-il souligné, de s'engager dans ce combat qui se veut collectif, car les journalistes qui se sont opposés à la défense de leur patrie n'ont pu éviter le tribunal de l'histoire. Alors comment répondre aux menaces terroristes et à l'extrémisme violent ? Il faut d'abord, a-t-il détaillé, lever les contraintes organisationnelles et structurelles qui placent les langues nationales dans la périphérie des programmes radiophoniques et télévisuels. Le communicateur a proposé en outre de soutenir matériellement et financièrement les médias de service public comme pilier essentiel de résilience face à la désinformation et encourager toutes les initiatives en période de guerre. Pr Balima a aussi recommandé d'élever au rang de priorité l'éducation aux médias et à l'information dans les politiques publiques afin d'aider les utilisateurs des langues nationales à mieux faire face à la désinformation et à la manipulation, notamment sur les réseaux sociaux.

En attendant la fin des travaux, certains participants ont proposé l'obligation pour tout Burkinabè aspirant aux hautes fonctions comme celles du membre du gouvernement et de député de parler au moins une langue nationale ou le rapprochement de canaux de communication aux populations. En réponse en cette dernière préoccupation, le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Jean Emmanuel Ouédraogo, a annoncé la création, d'ici à décembre 2023, d'une télévision dédiée essentiellement aux langues nationales.

Pour lui, ce forum a donné l'occasion à l'ensemble des acteurs des médias d'échanger de façon utile sur les voies et moyens qu'il convient d'emprunter pour ancrer davantage l'offre d'information en langues nationales. « Aujourd'hui, nous avons besoin que l'information vraie et juste parvienne à l'ensemble de nos concitoyens et cela sans distorsion », a-t-il indiqué. Pour lui, la plupart du temps, ce sont des offres d'information en français qui demandent à être traduites pour que les Burkinabè qui ne comprennent pas la langue française en saisissent le contenu. Or, a-t-il relevé, bien souvent, traduire c'est trahir. Le ministre Ouédraogo a promis d'accorder le plus grand intérêt aux recommandations qui sortiront de ce forum parce que l'enjeu, selon lui, participe de la lutte contre la désinformation, le terrorisme et l'extrémisme violent.

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