Tunisie: Culture de la figue de barbarie - Un atout pour l'industrie et le développement régional

27 Juillet 2023

Beaucoup de jeunes l'ont bien compris ! La culture de la figue de Barbarie est une aubaine pour les agriculteurs, les industriels et le développement des régions reculées. Ce produit rentable et très demandé par divers industriels est connu pour ses vertus multiples.

Aujourd'hui, le produit phare de la filière du cactus est incontestablement l'huile de pépins de figue de Barbarie biologique, un produit dermatologique anti-âge qui est considéré comme le fer de lance de la nouvelle cosmétique tunisienne. Mais le cactus est une plante qui offre beaucoup d'autres opportunités de valorisation et le potentiel pour la diversification des produits reste très large.

L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) l'a annoncé il y a quelques années déjà, le figuier de Barbarie sera une plante d'avenir précieuse pour l'alimentation et le fourrage.

Selon plusieurs travaux de recherche, le marché mondial de la figue de Barbarie fraîche n'est pas très développé, mais les exportations tunisiennes pourraient avoir des opportunités sur plusieurs marchés du monde notamment les marchés allemand, français, hollandais et anglais.

Il faut savoir qu'aussi bien le fruit, les fleurs ou encore les raquettes du figuier de Barbarie peuvent être utilisés dans différents types d'industries ; alimentaire et boissons, alimentation animale, pharmaceutique, cosmétique en plus des compléments alimentaires.

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600.000 hectares

La figue de Barbarie est également utilisée dans des domaines plus surprenants les uns que les autres à savoir les additifs naturels (les colorants à base de figue de Barbarie), la construction (la reliure, composés de raquettes), les énergie (le biogaz issu de la digestion de raquettes et de flux de déchets d'usine, des raquettes lignifiées brûlées comme bois de chauffage), le tourisme (les produits artisanaux fabriqués à partir de raquettes) et le textile (l'utilisation de colorants naturels, comme le carmin des insectes cochenilles).

Selon un rapport de la «Pampat 2» (projet d'accès aux marchés des produits agroalimentaire et du terroir) publié en 2021, et consacré à «l'identification des marchés cibles pour la filière de la figue de Barbarie en Tunisie», notre pays dispose d'une superficie de plantation de figuier de Barbarie (FDB) de 600.000 hectares dont 117.771 ha sont cultivés pour des fins commerciales. La production annuelle minimale est de 552.006 t en provenance des plantations cultivées.

Les experts estiment que 70 à 75% de la production de la FDB sont consommés localement en Tunisie et destinés à la consommation humaine et à l'alimentation de bétail.

Mais l'intérêt pour ce fruit ainsi que pour ses dérivés est en train de croître peu à peu ces dernières années. Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans la production et l'exportation de la FDB fraîche et biologique, mais aussi des produits issus du fruit, et ce, pour des fins cosmétiques (huiles de graines, savons et shampoings...), ou encore alimentaires.

D'après les derniers chiffres, en Tunisie, le nombre d'entreprises de transformation du cactus est passé de 5 en 2014 à 46 en 2021. La majorité de ces entreprises est spécialisée dans la production et l'exportation de l'huile de pépins de figue de Barbarie avec certification biologique qui représente un produit phare pour la nouvelle cosmétique tunisienne.

En 2021, la Tunisie est devenue le premier pays au monde à publier une norme relative à l'huile de pépins de figue de Barbarie (NT : 118.152 (2021) Innorpi) pour garantir une qualité standardisée optimale du produit au niveau national. Selon les études cliniques réalisées dans un laboratoire international de renommée en 2020, par le projet «Pampat», l'huile de pépins de figue de Barbarie tunisienne a des effets anti-taches, anticernes, antirides et raffermissants prouvés.

Selon plusieurs autres études, «Zelfen» (gouvernorat de Kasserine) serait parmi les régions les plus connues pour la culture des figuiers de Barbarie qui s'étendent à perte de vue. «Cette plante est une chance pour notre région déshéritée grâce à l'huile antirides qui en est extraite, très prisée en cosmétique», commente l'un des premiers investisseurs tunisiens dans la transformation des pépins des fruits de cette cactée, pour produire l'huile précieuse et chère. Selon lui, «le litre peut atteindre 350 euros. C'est une huile de plus en plus recherchée à l'international pour ses vertus anti-âge». Il est propriétaire de 420 ha de figuiers de Barbarie certifiés bio équitable à Zelfen et produit 2.000 litres par an d'huile de pépins de figues, dont 95% sont destinés à l'export.

Cinquième rang mondial

«Autrefois, la figue de Barbarie était un symbole de pauvreté. Mais actuellement, environ 30.000 ha, dont 3.000 ha de figuiers bios, sont cultivés dans cette petite localité frontalière de l'Algérie». Le secteur y emploie plus de 5.000 personnes, selon Boubaker Raddaoui, chargé de la filière pour le Projet d'accès aux marchés des produits agroalimentaires et de terroir (Pampat), soutenu par l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi).

Selon le Groupement Interprofessionnel des fruits tunisiens (Gifruits), les exportations tunisiennes de la FDB fraîche étaient de 837 t en 2018. Les exportations annuelles de la Tunisie de la FDB n'ont pas dépassé, durant les quatre dernières années, les 1.000 t. Les principaux marchés à l'export en 2018 étaient la Libye (187 t), le Koweït (177 t), les EAU (156 t), la France (108 t) et le Qatar (90 t). Les pays du Golfe représentent, à eux seuls, 60% du total des exportations tunisiennes.

Le Maroc et la Tunisie sont les pays d'origine les plus courants pour l'huile de pépins de figue de Barbarie qu'on retrouve sur le marché européen. Le Maroc exportait vers l'Europe 15,9 millions d'euros et 1.000 t d'huiles de spécialité (incluse huile d'argan), en 2020, dont les deux tiers étaient destinées à la France et 20 % à l'Allemagne. La Tunisie, quant à elle exportait en 2020, pour une valeur de 860.000 euros, 46 t d'huiles de spécialité vers l'Europe dont 75 % étaient destinés à la France et 21 % à l'Allemagne.

La Tunisie est au cinquième rang mondial en termes de surfaces cultivées en figues de Barbarie à des fins commerciales (117.771 ha), derrière le Brésil, le Mexique, l'Ethiopie et le Maroc. Le pays nord-africain, parvenu à une production annuelle de 550.000 t de fruits, mise aujourd'hui essentiellement sur l'huile. Près de 8.000 litres ont été exportés en 2021, pour un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros, selon le Pampat qui, depuis 2013, forme les producteurs et les aide à s'organiser dans les circuits professionnels. Les exportations ont bondi de 50% entre 2019 et 2021, ce qui nous montre l'attractivité de la filière et l'accroissement de la demande d'une année sur l'autre.

Un jeune agriculteur de la région confirme qu'auparavant, «tout le monde voulait partir et quitter Zelfen. Actuellement, ce n'est plus le cas. Tout le mérite revient à cette huile miracle». Et de poursuivre, «un bon nombre de jeunes de la région ont trouvé du travail et leurs conditions se sont améliorées grâce à ces cultures».

Il est vrai que la demande pour tous les produits issus du cactus existe bel et bien, mais le secteur tunisien ne pourra y répondre que s'il s'oriente vers la qualité, la diversification, le marketing et la recherche de nouvelles niches de marché. Selon les experts, «malgré les superficies importantes cultivées, le cactus est encore mal exploité et mal valorisé.

Le cactus dispose d'un potentiel très important et représente une richesse peu exploitée. Seule une partie de la production est utilisée dans uniquement quelques produits, comme fruit, extraction d'huile des graines et quelques produits diététiques. Un effort doit être fourni pour améliorer les conditions de commercialisation de la figue de Barbarie et éviter la vente en vrac et en tas. Une meilleure présentation et un packaging moderne permettraient d'attirer plus de consommateurs, de lui assurer la bonne qualité et de promouvoir les ventes».

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