Pris dans une spirale de violences perpétrées par des groupes djihadistes, depuis 2015, le pays des hommes intègres a du mal à les chasser du territoire national. En raison de la complexité de situation, le gouvernement ne s'est pas empêché de reconnaître « la puissance de l'ennemi ». Et sachant qu'elle a « beaucoup augmenté », il s'emploie actuellement à chercher les voies et moyens nécessaires pour combattre efficacement les insurgés avec l'aide de ses partenaires régionaux. Reste à savoir s'il y parviendra.
Depuis leur arrivée au pouvoir par un coup d'Etat, en septembre 2022 - le second en huit mois - les autorités burkinabè actuelles ont manifesté la volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le djihadisme. Cela s'est traduit par un accord Bamako-Ouagadougou, après que le Mali a demandé mi-janvier le départ des troupes françaises au nom de « la souveraineté ».
Quant à la coopération entre le Mali et le Burkina, deux pays sahéliens en proie à des attaques de groupes islamistes, elle avait pour but de « renforcer leur partenariat militaire » au grand dam du G5 Sahel, une alliance militaire sous-régionale qui combat les groupes djihadistes, et dont Bamako s'en était retiré en mi-mai dernier. Malgré la volonté affichée par la junte burkinabé, la situation sécuritaire se dégrade du jour au jour dans le Nord du pays.
« La puissance de l'ennemi a beaucoup augmenté sur le terrain, son équipement aussi est en train de se moderniser au fur et à mesure », a indiqué le capitaine Ibrahim Traoré qui s'adressait à des unités spéciales de lutte antidjihadiste près de Ouagadougou. L'armée régulière « va s'équiper mille fois plus que l'ennemi, s'entraîner, former correctement les troupes pour la guerre », a-t-il ajouté tout en dévoilant « de nouvelles acquisitions de moyens de combat terrestre et aérien », parmi lesquels des drones plus « performants ». Le chef de l'Etat qui s'en prend « aux impérialistes » qui ont imposé la guerre dans son pays a évoqué aussi « des moyens terrestres, en termes d'infanterie et d'aviation » qui vont compléter, dans les tout prochains jours, l'arsenal annoncé.
Pour pouvoir acheter l'armement nécessaire, le gouvernement a collecté plus d'un milliard de francs CFA (environ 1,5 million d'euros) depuis octobre, notamment à la suite d'un appel à contribution à un « effort de guerre » pour la reconquête du territoire national, lancé par l'actuel président burkinabè.
L'espoir de sortie de crise viendra-t-il des soldats de la Cédéao ?
L'exécutif a aussi instauré, depuis février, de nouvelles taxes sur divers produits de consommation (boissons, cigarettes, cosmétiques), élargies à d'autres services comme la téléphonie. Ce qui a permis de mobiliser plus de 30 milliards FCFA (environs 45 millions d'euros), selon le ministère de l'Economie et des Finances burkinabè.
« C'est le peuple qui fait sa guerre, c'est la population qui contribue », car « le matériel commandé c'est (...) à travers les taxes qu'on récupère », a affirmé l'homme fort du Burkina Faso, qui ne cesse de critiquer le Programme d'ajustement structurel du Fonds monétaire international (FMI) mis en place dans les années 90. « C'était une manière d'affaiblir nos armées. Ils ont bien réussi », a-t-il déploré.
Au plan régional, Ouagadougou semble compter sur l'éventuel déploiement des soldats de la Cédéao pour ramener la paix sur le territoire national. En attendant, une mission de l'Union africaine (UA) y a séjourné pour évaluer la situation d'un pays miné par les violences djihadistes et suspendu de l'organisation panafricaine. Cette mission conduite par l'ambassadeur Mohamed Lamine Thiaw a eu « pour but de marquer la solidarité de l'UA avec le gouvernement et le peuple burkinabè et également réitérer l'engagement de l'UA à accompagner le Burkina Faso pour relever le défi de la lutte contre l'insécurité ».
La population burkinabè se demande si après maintes tractations du pouvoir pour tenter de pacifier le pays et l'évaluation sécuritaire, humanitaire et de développement faite par la délégation de l'UA, le régime, avec le concours de l'organisation panafricaine ainsi que de la communauté ouest-africaine et de la force du G5 Sahel, pourrait dans un futur proche, parvenir à chasser les djihadistes du Burkina. Pourrait-on enfin trouver des solutions à la sortie de crise dans ce pays ?