Pour sa notation de juillet 2023, GCR ratings (GCR) a révisé la note d'émetteur de long terme de Servair Abidjan qui passe de 'BBB(WU)' à 'A(WU)' sur son échelle régionale, ont fait savoir les responsables de cette agence de notation basée à Dakar.
La note d'émetteur de court terme est aussi révisée puisqu'elle passe de 'A3(WU)' à 'A1(WU)'. La perspective attache à la notation de l'entreprise est stable.
« La révision de la notation de Servair Abidjan repose sur sa situation financière saine caractérisée par un très bon profil de liquidité et par une solide flexibilité financière en raison d'un niveau de dettes financières durablement soutenable», avance l'équipe de notation de GCR. En outre, ajoute-t-elle, l'annonce d'un accord avec le gouvernement ivoirien pour le renouvellement du contrat de concession de service public, qui permet à Servair Abidjan d'opérer sur la plateforme aéroportuaire d'Abidjan, offre une meilleure visibilité quant à la continuité de l'activité de catering aérien de la société, qui représente 77% de ses revenus.
Il faut rappeler que Servair Abidjan, filiale du Groupe Servair, est une entreprise spécialisée dans le catering aérien. Depuis 2014, elle a entrepris une diversification de ses activités en se positionnant dans le domaine de la restauration (segment hors-aérien). La société est le seul concessionnaire des services de catering et de handling sur la plateforme aéroportuaire d'Abidjan.
Cependant, GCR constate que cette solide position concurrentielle de la société est affaiblie par la concentration du segment aérien sur un nombre restreint de compagnies aériennes ainsi que par le retard pris par la société dans la mise en oeuvre de la stratégie de diversification de ses revenus via un positionnement sur le hors-aérien en raison d'une concurrence agressive et parfois déloyale. «En outre, souligné GCR, la pratique du double emport par certaines compagnies aériennes limite quelque peu la situation de monopole que confère la concession de service publique dont dispose Servair Abidjan.» GCR estime toutefois que cette pratique ne devrait pas se généraliser dans les 12 à 18 prochains mois et ne devrait pas avoir un impact sur les revenus de la société, qui ressortent robustes et en hausse après la pandémie de Covid (Année Fiscale (AF) 2022 : +29% ; AF2021 : +47% ; AF2020 : -53%). GCR note que Servair Abidjan n'a pas encore réussi à retrouver ses niveaux de revenu d'avant la crise sanitaire de 2020. Cela dit, l'agence de notation soutient que même si la corrélation étroite entre l'activité de catering et la fréquentation de l'aéroport d'Abidjan soutient les revenus de la société, celle-ci pourrait être préjudiciable en situation de crise en Côte d'Ivoire.
De l'avis toujours de GCR, la notation de Servair Abidjan bénéficie d'un ajustement supplémentaire pour tenir compte de l'intégration de la société dans Gategroup, leader mondial du catering aérien. Cette intégration se manifeste par des avantages synergiques et un soutien opérationnel offert par le groupe. GCR note qu'un accord a été conclu avec le gouvernement ivoirien pour le renouvellement du contrat de concession de service public jusqu'en 2029, ce qui garantit la pérennité de l'activité de restauration aérienne de la société en Côte d'Ivoire, qui est son activité principale. Le profil financier de Servair Abidjan constitue la force majeure de sa notation.
La croissance retrouvée de ses revenus après la crise sanitaire de 2020 et l'amélioration de sa structure des coûts lui permettent en 2022 de renouer avec le niveau de marge d'EBITDA d'avant la pandémie de 2020 (AF22 : 18,8% ; AF21 : 13,7% ; AF20 : -16,9% AF19 : 17,3% ; AF18 : 20%). GCR prévoit que la marge d'EBITDA de Servair Abidjan restera stable, aux alentours de 19%, au cours des 12 à 18 prochains mois, grâce à la solide structure des coûts de la société et à la forte activité aérienne à l'aéroport d'Abidjan qui soutiennent ses revenus. Dans ce contexte favorable, la marge nette devrait revenir à son niveau d'avant 2020. La reprise effective de l'activité aéroportuaire en 2022 a eu un impact positif sur les indicateurs de flexibilité financière, qui se sont révélés excellents. «Grâce à un faible niveau de dettes combiné à une amélioration de l'EBITDA, le ratio dette nette/EBITDA s'établit à -2.4x (AF21 : -2,8x ; AF20 : 2,3x ; AF19 : -1,2x ; AF18 : -0,7x)» mentionne GCR dans sa fiche de notation. De plus, le taux de couverture des charges d'intérêt par l'EBITDA atteint 19x en 2022 (AF21 : 13.8x ; AF20 : -12.2x ; AF19 : 78.7x ; AF18 : 186.6x) ce qui est jugé satisfaisant par GCR.
La société ne prévoit pas de modifier sa politique d'endettement dans les 12 à 18 prochains mois ce qui devrait soutenir sa solide flexibilité financière. Le profil de liquidité de Servair Abidjan est très solide avec des réserves de liquidité importantes lui permettant d'afficher un taux de couverture des besoins en liquidité à plus de 800% en 2022.
Selon l'équipe de notation, la perspective stable reflète l'opinion de GCR selon laquelle Servair Abidjan devrait continuer à tirer profit de sa solide position concurrentielle sur le marché ivoirien du catering aérien afin d'accroitre ses revenus et stabiliser ses marges. En outre, la flexibilité financière et la liquidité de la société devrait rester à un niveau satisfaisant.
D'après GCR, un rehaussement de la notation de Servair Abidjan serait tributaire de : i) l'amélioration des marges du restaurateur soutenues par une maitrise de ses charges opérationnelles, sachant que les prix facturés aux clients sont peu susceptibles d'ajustement à la hausse ; ii) d'une hausse du trafic aérien sur la plateforme aéroportuaire d'Abidjan qui se traduirait par des revenus haussiers de l'activité de catering aérien ; ou iii) du succès de sa stratégie de diversification dans le segment non-aérien, à même de réduire la concentration de son portefeuille de clients et améliorer la contribution de ce segment aux revenus générés.
Par contre, un abaissement de la notation de Servair Abidjan serait la conséquence de : i) d'une contraction de ses marges en raison d'une hausse importante de ses charges opérationnelles ; ii) d'une baisse structurelle de ses revenus en raison d'une baisse du trafic aérien sur la plateforme aéroportuaire d'Abidjan ; ou iii) de l'échec de la stratégie de diversification dans le segment hors-aérien qui se traduirait par une baisse significative de la contribution de ce segment aux revenus générés.