L'Ambassadeur du Sénégal auprès des Nations unies et de la Suisse, Coly Seck, publie « La voix du Sénégal à Genève » (Harmattan, 2023, 247 pages). Cet ouvrage important, préfacé par le Président Macky Sall, permet de mieux comprendre la politique étrangère du Sénégal, notamment les prises de position de Dakar au sein du Conseil des droits de l'Homme à Genève.
GENÈVE - Pourquoi avez-vous écrit le livre « La voix du Sénégal à Genève » ?
Pour partager et témoigner. Partager le peu qu'on a pu découvrir à Genève, avec comme objectif de donner une idée des positions et préoccupations du Sénégal et de ses groupes d'appartenance. Il s'agit aussi de décrire Genève, ce haut lieu de la diplomatie multilatérale, en vue de le présenter davantage à ceux qui s'intéressent aux questions multilatérales.
Témoigner pour, comme le disait l'Ambassadeur Babacar Carlos Mbaye, contribuer à « aider ceux qui auront à porter la voix du Sénégal, à Genève, dans cinq ans et au-delà, à disposer, sur place, d'une assez fidèle mémoire institutionnelle.
Votre livre revient, entre autres sujets, sur la position du Sénégal concernant la question Lgbt. Certains ont accusé le Gouvernement de soutenir les homosexuels. Qu'en est-il ?
Il n'en est rien. Et il suffit de parcourir le livre et d'aller notamment à la note de bas de page numéro 69 pour y trouver un point bref et clair sur ce sujet. C'est pourquoi je disais, plus haut, que j'ai décidé d'écrire pour témoigner, pour dire, en toute objectivité, ce qu'il s'est réellement passé et mettre ainsi en lumière les vraies positions du Sénégal. Il convient, ici, de rappeler qu'un diplomate ne travaille pas pour un régime ni pour un Président, mais pour un État.
Peu de diplomates sénégalais écrivent des livres, comment l'expliquez-vous ?
Par manque de temps. C'est pourquoi nos doyens diplomates attendaient la retraite pour écrire. C'est aussi plus prudent, car l'obligation de réserve pèse moins. Mais, de nos jours, beaucoup de diplomates écrivent pendant qu'ils sont en activité. Le dernier en date est mon collègue de Bruxelles qui, en quittant Addis-Abeba, a écrit sur l'Union africaine. À mon avis, le diplomate doit se situer à mi-chemin entre le journaliste qui donne l'information à chaud et l'historien qui attend la fin des événements pour les décrypter ».
Vous avez eu à présider, au nom du Sénégal, le Conseil des droits de l'Homme. Qu'est-ce qui vous a le plus marqué pendant votre présidence ?
Malheureusement, pour des raisons de discrétion professionnelle et d'obligation de réserve, je ne pourrais pas dire ce qui m'a le plus marqué. Mais, je peux citer quelques faits marquants, notamment les interventions à Strasbourg, au niveau du Parlement européen, à Addis-Abeba, devant le Comité des représentants permanents (Corep), et aux Nations unies, devant l'Assemblée générale et la troisième commission. Il y a aussi les rencontres avec le Secrétaire général de l'Onu, sans oublier celles avec la presse et les Organisations non gouvernementales (Ong) à Genève et à New York, ainsi que la réunion informelle que j'ai eue avec les membres du Conseil de sécurité. Je peux dire que c'était « a lifetime experience » (une expérience unique), comme disent les Anglais. Il en est de même pour ma présidence de l'organe de règlement des différends (Dsb/Ss) de l'Organisation mondiale du commerce (Omc). Ces présidences m'ont permis de gérer des situations et des questions complexes qui vous donnent l'impression d'avoir contribué, un tant soit peu, à la marche du monde.
Quel regard, portez-vous sur les relations entre le Sénégal et la Suisse ?
Nous sommes absorbés par le multilatéral qui ne nous donne pas trop de temps pour faire du bilatéral comme nous l'aurions souhaité. Certains pourraient avoir l'impression que le niveau de coopération entre la Suisse et le Sénégal ne sont pas à la hauteur des longues relations diplomatiques et des opportunités qu'offrent nos deux pays.
(Correspondant permanent)